Résumé du document
Le titre du chapitre montre d'emblée l'influence des sciences naturelles sur Balzac, d'autant plus qu'il comporte trois termes qui relèvent du jargon scientifique naturaliste : "spécimen, mâle, femelle" et une valeur généralisatrice contenue dans la préposition "de". En choisissant ce titre, Balzac met en uvre les lois et les méthodes des scientifiques naturalistes Buffon et Geoffroy Saint-Hilaire, selon lesquelles l'évolution des espèces, qui ont un ancêtre primitif commun, se fait en relation avec l'environnement. Par ce choix, il fait un parallèle entre la société et la nature. Il se propose de dénombrer les espèces sociales, ici les portiers à la manière des animaux, d'en dégager les lis qui régissent l'ensemble.
Extraits
I. Les relations de structure et de sens entre le titre du chapitre et le contenu du texte
A. Les Cibots
B. Les différents modes d'expression de la généralisation et leurs effets
II. Lieux et personnes
A. Le portrait de Mme Cibot
B. Cet extrait évoque à maints égards la réalité sociale et historique
[...] Dans le Cousin PONS, chaque intrusion du narrateur omniscient est associée à l'emploi du présent gnomique. A plusieurs reprises, Balzac intervient dans le récit de façon explicite (soit par le pronom indéfini « on », soit par les exclamations) ou pour insérer un détail pittoresque (la rue de Normandie est typiquement provinciale), pour mettre en avant un commentaire généralisant (« le monde se répète spéculation »). Balzac fait glisser tantôt un détail relatif à la condition précaire des concierges –« les émoluments »-- tantôt un commentaire suggestif sur la position physique de tout portier reclus dans sa loge. [...]
[...] C'est un document d'époque sur le métier de portier au début du XIXe siècle et sur la condition d'une certaine couche sociale. Il revêt une valeur historique et informative. Comme il l'affirmait dans l'Avant-propos de la Comédie humaine « La Société ne fait-elle pa de l'homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d'hommes différents qu'il y a de variétés en zoologie ? ( ) il existera donc de tout temps de Espèces sociales comme il y a des Espèces zoologiques ». [...]
[...] Cette relation consubstantielle qui unit les personnages aux lieux montre à quel point le lieu résume le personnage qui s'y adapte et s'y confond. Le portrait de Mme Cibot Le narrateur brosse un portrait ironique de Mme Cibot. Celle-ci subit l'influence de sa profession essentiellement masculine et du coup, elle se masculinise. Balzac en fait une Vertigo aux traits durcis par le travail de portière. D'ailleurs, il lui attribue certains traits masculins « barbe, moustache » et il fait référence à son caractère androgyne par cette association du masculin et du féminin « beauté virile », « une Bellone ». [...]
[...] Aussi Balzac s'efforce-t-il de trouver une logique qui explique chaque détail. « la société française allait être l'historien, je ne devais être que le secrétaire », affirme-t-il dans la Préface des ILLUSIONS perdues. C'est ainsi qu'il va créer des « individualités typisées », personnages représentatifs d'un groupe social[2]. Il s'agit d'un « personnage qui résume en lui-même les traits caractéristiques de tous ceux qui lui ressemblent plus ou moins ; il est le modèle du genre »[3]. La généralisation repose sur le principe que le type donne à la création une vérité éternelle. [...]
[...] Par ce choix, il fait un parallèle entre la société et la nature[1]. Il se propose de dénombrer les espèces sociales, ici les portiers à la manière des animaux, d'en dégager les lis qui régissent l'ensemble. Les Cibot sont les représentants de tous les portiers de Paris à l'époque, dont l'auteur va étudier l'interaction avec le milieu. Le texte s'organise du coup autour de deux moments. Dans un premier temps, Balzac analyse la réalité objective et historique du milieu dans lequel vivent les Cibot (il va coller à la réalité). [...]