Charles Demailly, Edmond et Jules de Goncourt, roman, écrivain, sociologie, Second Empire, ironie
Le bal de l'opéra constitue l'un des rares passages narratifs des premiers « actes » de Charles Demailly. Initialement conçu comme une pièce de théâtre, le roman porte la marque de cette réécriture transgénérique : il consiste pour la grande majorité en dialogues, rapportés au style direct. Le processus à l'origine de l'oeuvre, tout comme son premier titre, Les Hommes de lettres, est révélateur des préoccupations qui l'animent.
En effet, les frères Goncourt y chroniquent la transformation du rôle social de l'écrivain sous le Second Empire, par diverses pressions matérielles et culturelles : l'écriture se professionnalise et devient publique, par le biais des « petits journaux », dont les sujets ne sont pas proprement politiques, artistiques ou intellectuels, mais tiennent plutôt du divertissement.
[...] Charles Demailly, Le bal de l'opéra - Edmond et Jules de Goncourt (1860) - La théâtralité romanesque Le bal de l'opéra constitue l'un des rares passages narratifs des premiers « actes » de Charles Demailly. Initialement conçu comme une pièce de théâtre, le roman porte la marque de cette réécriture trans-générique : il consiste pour la grande majorité en dialogues, rapportés au style direct. Le processus à l'origine de l'?uvre, tout comme son premier titre, Les Hommes de lettres, sont révélateurs des préoccupations qui l'animent. [...]
[...] C'est cette double théâtralité, sur le plan méta textuel comme sur celui de la mimesis, dont nous allons rendre compte ici. Le passage consiste en une série d'énumérations de plus en plus longues, qui menacent à tout moment de rompre l'intégrité syntaxique du texte, avant d'être interrompu par la parole de Giroust, rapportée au style direct, qui ne rompt pas foncièrement avec le passage narratif qui le précède. La description de la salle suit un mouvement descendant, au présent de narration (avant et après, le récit est au passé), qui s'attarde de plus en plus sur chaque niveau jusqu'à atteindre « en bas, la salle qui engloutit tout ». [...]
[...] Le rythme reprend de plus belle, mais moins régulier et donc moins prévisible : une courte phrase exclamative est suivie d'une phrase qui semble aussi s'achever par des points de suspension, mais reprend en fait après la ponctuation et se poursuit encore après un point-virgule. Elle finit comme la première mais elle est suivie d'un tiret, comme si le narrateur devait s'interrompre lui-même pour pouvoir saisir le foisonnement ambiant, qui échappe à sa plume comme le trahissent les nombreux points de suspension. [...]
[...] En attirant l'attention sur ce qui manque à ce passage au niveau littéraire, les Goncourt rendent compte de ce qu'il voit comme l'échec de leurs contemporains. [...]
[...] L'effet, donc, est littéral au point d'en devenir vulgaire. C'est ainsi que le lecteur est invité à voir la scène. C'est en négatif, par la pauvreté inhabituelle de leur langue, maniée avec soin, que les Goncourt donnent la clé de lecture de ce passage. Giroust et les hommes de lettres dont ils dressent le portrait sont inspirés par le spectacle trivial qui rythme leur vie, mais - comble - leur art ne parvient pas même à se hisser à la hauteur toute relative de cette inspiration. [...]
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