Les Cahiers de Douai, Arthur Rimbaud, corps, caricature, clergé, paysan, subvention des parnassiens
Dans les lettres « du voyant », Rimbaud préconise le « dérèglement de tous les sens ». Capitale chez lui, la sensation renvoie au corps. Dans Les Cahiers de Douai, on s'aperçoit que sa présence est importante. Il faudra se demander pourquoi. Une présentation caricaturale du corps sert d'abord à exprimer la révolte du jeune poète, en matière politique et religieuse. Dans cette même démarche, il est décrit de façon pathétique pour dénoncer les conséquences de l'ordre existant. Mais, à côté de ce versant sombre, Les Cahiers de Douai fait entendre et voir une célébration du corps libéré.
[...] Pour dénoncer l'enlaidissement du corps dans une société chrétienne qui fait fi du véritable idéal, Rimbaud recourt à à un terme anatomique qui choque : « Singes d'hommes tombés de la vulve des mères » (v. 106). Le grotesque s'allie au réalisme, pour rendre plus beau encore, par contraste, le corps libéré de la chape religieuse et morale. Il trouve donc l'image de ces corps éclatant d'une saine beauté, dans la mythologie. Ainsi en va-t-il de Vénus : « Et tandis que Cypris passe, étrangement belle, cambrant fièrement l'or de ses larges seins/Et son ventre neigeux brodé de mousse noire » (v. 142-145). [...]
[...] C'est que l'érotisme est le domaine où le corps révèle ses plus belles potentialités. C - LE CORPS ÉROTIQUE La jeune fille « fort déshabillée » (v. de « Première soirée » prend ainsi des poses lascives : « Mi-nue, elle joignait les mains » (v. 6) ; « -Elle jeta sa tête mièvre/En arrière : « Oh c'est encor mieux . » (v. 23-24). Tout son corps exprime le désir, par exemple dans le mouvement des pieds qui traduit l'impatience : « Sur le plancher frissonnaient d'aise/Ses petits pieds si fins, si fins. » (v. [...]
[...] Les Cahiers de Douai - Arthur Rimbaud (1870) - En quoi le corps est-il important dans Les Cahiers de Douai ? Dissertation En quoi le corps est-il important dans le Cahier de Douai ? Thèmes abordés : corps, caricature, religion, politique, guerre, pauvreté, prostitution, Parnasse, blasphème, obscénité, érotisme. INTRODUCTION Dans les lettres « du voyant1 », Rimbaud préconise le « dérèglement de tous les sens ». Capitale chez lui, la sensation renvoie au corps. Dans le Cahier de Douai, on s'aperçoit que sa présence est importante. [...]
[...] Volontairement enlaidi il permet de dénoncer le vice, le mal, la bourgeoisie, de façon comique ou pathétique. Le corps ainsi présenté illustre la part sombre d'une société que l'adolescent Rimbaud rejette violemment. Il lui oppose la clarté d'un idéal qui se reflète dans la beauté du corps, masculin et, surtout, féminin. C'est que Rimbaud sait exprimer la volupté, il prend volontiers place auprès des « satyres lascifs » pour goûter la « sève du monde » et transfigurer alors la réalité, loin des images parnassiennes, comme on le voit dans « Soleil et chair ». [...]
[...] Le corps est au premier plan. Certain critique a pu voir dans « la main gantée » (v. 2) qui « tisonn[e] » une allusion à la masturbation. Dans ces conditions, le vers 4 prend une dimension obscène : « bavant la foi de sa bouche édentée ». C'est un être visqueux et laid. À la différence du Tartuffe de Molière, qui a « le teint frais et la bouche vermeille », celui de Rimbaud est « jaune », couleur qui connote la maladie. De fait, on a pu voir un jeu de mots entre « crise de foie » et « crise de foi ». [...]
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