Proust, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, vocation littéraire, arbres d'Hudimesnil, mémoire, solitude, création littéraire, métaphore
À travers l'observation contemplative de trois arbres, Proust guide le lecteur dans un univers où le tangible et l'éphémère se mêlent, où le passé et le présent s'entrelacent. Cette analyse se penchera sur la confusion entre réalité et fiction, le moment décisif générant la frustration du personnage, et la contemplation qui ouvre une réflexion profonde sur le temps et la mémoire. Dans cette exploration proustienne, la recherche de la vérité personnelle devient un acte littéraire, dévoilant la complexité de l'expérience humaine dans l'écoulement inexorable du temps.
[...] Il a le sentiment d'avoir déjà vu ces arbres, mais il ne se souvient pas où exactement. C'est ici le phénomène de la réminiscence qui semble clairement évoqué, un phénomène proustien caractéristique et dont la fameuse « madeleine » se présente comme l'exemple prototypique. Seulement, ce phénomène de réminiscence est comme raté ou incomplet dans ce cas, peut-être parce que c'est la vue qui est sollicitée ici plutôt que l'odeur ou le goût, des sens moins « intellectuels » et plus puissamment évocateurs. On constate donc une opposition entre une série de mots ou d'expressions qui sont significatifs d'une certaine familiarité : « que je ne voyais pas pour la première fois », « je sentais qu'il m'avait été familier autrefois » et des mots ou expressions qui témoignent de l'incapacité de l'auteur à reconnaître les arbres ou ce qu'il peut retrouver en eux : « je ne pouvais arriver à reconnaître le lieu dont ils étaient comme détachés ». [...]
[...] La Recherche du temps perdu peut se présenter comme une sorte d'effort constant, de recherche d'exprimer le temps à jamais révolu. On peut donc présenter ce livre comme s'inscrivant dans cette idée traditionnelle de l'?uvre littéraire qui cherche à lutter contre l'angoisse de la mort, notamment celle d'un Marcel Proust, affaibli, malade et qui se sent concerné au premier chef par l'angoisse de la mort. Proust explore la manière dont les éléments du paysage, en l'occurrence trois arbres, peuvent évoquer des souvenirs enfouis, créant ainsi une connexion entre le passé et le présent. [...]
[...] L'utilisation de la métaphore du bras tendu pour atteindre quelque chose à distance illustre la difficulté du narrateur à saisir pleinement le souvenir associé à ces arbres. Ce processus de tentative, d'élan mental pour atteindre plus loin, souligne l'effort nécessaire pour se reconnecter avec des souvenirs lointains. Le narrateur exprime le désir de s'isoler pour mieux se concentrer sur cette expérience intérieure. Il ressent un plaisir particulier lié à la pensée profonde et à la création mentale. Cette immersion dans la réflexion personnelle évoque un moment où le narrateur peut commencer une « vraie vie », soulignant l'importance de ces moments d'introspection dans la construction de soi. [...]
[...] De plus, la métaphore artistique du « dessin » suggère que la disposition des arbres n'est pas simplement naturelle, mais qu'elle a une intention artistique. Cela peut impliquer une sorte d'ordre ou d'esthétique délibérée dans la manière dont les arbres sont arrangés, évoquant une perception esthétique du paysage. Et cela nous permet également d'observer la sensibilité esthétique du narrateur dont la créativité est présente dans sa manière d'observer l'environnement qui l'entoure. Deuxièmement, l'on retrouve le sens du toucher, particulièrement dans la citation suivante qui compare le caractère mystérieux et inaccessible des arbres à des objets que l'on ne parviendrait pas à atteindre : « comme sur ces objets placés trop loin dont les doigts allongés au bout de notre bras tendu, effleurent seulement par instant l'enveloppe sans arriver à rien saisir. » (l.14-16). [...]
[...] Le narrateur ressent une tristesse profonde, comme s'il avait perdu un ami ou renoncé à une partie de son identité. En conclusion, l'extrait tiré de La Recherche du temps perdu de Marcel Proust offre une immersion profonde dans la complexité des mécanismes de la mémoire, de la créativité et du temps. À travers la contemplation des trois arbres, Proust nous guide dans un voyage introspectif où se mêlent la recherche de l'éphémère, la solitude nécessaire à la création et la quête incessante de donner une forme littéraire aux impressions fugitives de la vie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture