Malraux, condition humaine, Clappique, vie, mort, jeu, angoisse existentielle, inaction, conscience
L'extrait prend place à la fin de la cinquième partie du roman, où l'on voit la fatalité en marche. Le baron Clappique doit prévenir Kyo de ne pas aller retrouver ses camarades révolutionnaires, car les hommes de Tchang-Kaï-Shek risquent de le prendre au piège. Personnage extravagant, Clappique se caractérise par sa légèreté apparente. L'atmosphère de la maison de jeu où il est entré est donc en accord avec son caractère. Il ne peut donc s'en extraire. Dans ce passage, l'action s'oppose à l'inaction et le jeu prend une dimension existentielle.
[...] Ainsi en va-t-il de l'indépendante, brève pour signifier la rapidité de la boule qui termine sa course : « La boule s'arrêta sur le 4 » Le lecteur perçoit l'immobilisation de la boule telle qu'elle est vue par Clappique, mais on peut aussi considérer que la scène est simplement vue de l'extérieur, le narrateur l'enregistre sans pénétrer alors l'intériorité du personnage. En revanche, la brévissime septième phrase, (participe passé), relève, de manière plus sûre, de la focalisation interne : « gagné ». C'est une constatation que fait Clappique. Dans la phrase on passe à la focalisation zéro. Clappique réagit de façon paradoxale. [...]
[...] Ce mot de « combat » dévoile le ressort du personnage : lutter avec le destin qui prend la forme du hasard. Il en résulte une sorte de constance dans l'adversité puisque son obstination à ne pas tenir compte des probabilités correspond à une volonté ferme : ne pas « abandonner » ce combat. On comprend ainsi la fascination qu'exerce sur lui le jeu, au point de l'aliéner. On note çà et là une tendance à l'impersonnalisation. Le pronom qui le désigne se trouve parfois dans des tournures impersonnelles en position d'objet : « il lui suffisait de poser là son argent ». [...]
[...] Comme certains héros mythologiques, qui défient les dieux (Prométhée, Ixion), Clappique fait preuve d'un certain « orgueil » Si « c'était bien Kyo qui était enchaîné à cette boule » il s'identifie au destin : « c'était lui, Clappique, qui était cette boule maîtresse de tous et de lui-même » (17). Il en résulte un sentiment intense d'existence : « vivant comme il n'avait jamais vécu » (17). CONCLUSION Cette page est capitale pour l'évolution de l'intrigue : l'inaction de Clappique condamne Kyo à mort. On s'oriente vers le dénouement du roman. [...]
[...] La Condition humaine, Cinquième partie - Malraux (1933) - Clappique, la vie et la mort par le jeu L'extrait prend place à la fin de la cinquième partie du roman, où l'on voit la fatalité en marche. Le baron Clappique doit prévenir Kyo de ne pas aller retrouver ses camarades révolutionnaires car les hommes de Tchang-Kaï-Shek risquent de le prendre au piège. Personnage extravagant, Clappique se caractérise par sa légèreté apparente. L'atmosphère de la maison de jeu où il est entré est donc en accord avec son caractère. [...]
[...] S'il n'est pas engagé dans l'action révolutionnaire par idéal, Clappique cependant risque lui aussi la mort dans la mesure où il aide les communistes à se procurer des armes. La mort est évoquée négativement dans la formule gnomique « le jeu est un suicide sans mort » Pour ne pas penser à la mort de Kyo, Clappique pense à la sienne avec cette définition du jeu comme mort symbolique. La phrase 16 précise l'enjeu vital lié au parcours de la boule : « [?] il jouait ses derniers sous, sa vie ». [...]
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