Oedipe roi, tragédie, théâtre, Sophocle, stichomythies, colère, accusation, communication, devin, meurtre, malheur, confrontation, affrontement, Tirésias, Oedipe
Tragédie du Ve siècle avant notre ère, Oïdipous tyrannos est le titre grec de la tragédie de Sophocle. Pour nous, ce terme de tyrannie est synonyme de violence et de dictature, mais chez les Grecs, la tyrannie était une forme particulière de gouvernement, située entre la monarchie et la démocratie : le tyran tenait son pouvoir du peuple et gouvernait seul, c'est la cité qui le choisissait selon ses mérites, comme homme providentiel protecteur de la cité ! C'est le cas d'Oedipe qui est monté sur le trône de Thèbes après avoir débarrassé la cité de la Sphinx.
[...] Cette accusation est reformulée plus loin au vers 362 exactement : « L'assassin de cet homme, celui que tu cherches, je te le dis, c'est toi » mais cette vérité n'est pas entendue par ?dipe qui n'est pas prêt à l'accepter. L'incompréhension est due à un blocage, à une véritable dénégation que soulignent les tournures négatives vers 360 Tirésias « Tu n'as pas compris la première fois ? », vers 361 ?dipe : « Non, pas assez en tout cas pour dire que ce soit net. », vers 363 ?dipe « Ah ce n'est pas impunément que tu auras proféré deux fois ces abominations » Sa surdité symbolique s'exprime à travers sa demande de répétition et son refus paradoxal d'écouter. [...]
[...] Cependant, ces paroles sans cesse reprises, sans cesse augmentées et clarifiées, ?dipe refuse de les entendre, remettant en cause les capacités du devin sous la forme du leitmotiv du thème de l'aveuglement. C'est la personne de Tirésias et son art qui sont remis en cause. ?dipe rappelle que Tirésias n'a pas su résoudre l'énigme de la sphinx « Cette énigme, il n'était pas donné au premier venu d'en donner le mot : il y fallait le don de la divination-tu as assez montré que tu ne le possédais pas » vers 394-395. Et lui-même, ?dipe, se dit « moi qui ne sais rien, ?dipe la dupe » vers 396. [...]
[...] ?dipe met fin au premier temps de l'agôn en associant « Créon, ce fidèle, cet ami de toujours » vers 385 au devin « cette espèce de sorcier » vers 386. La peur du complot s'explique parfaitement dans une tyrannie. ?dipe tient son pouvoir de la faveur populaire, il l'a obtenu grâce à son prestige personnel (la découverte de l'énigme de la Sphinx) et doit être envié « Ô savoir qui a su l'emporter sur la science Quelle jalousie vous éveillez contre une existence que vous faites trop envier » vers 380-381. [...]
[...] Et c'est sur la suggestion de Créon que le roi demande au devin Tirésias de dévoiler l'identité du coupable. La confrontation entre ?dipe et Tirésias constitue une joute oratoire d'une extrême violence, ce que l'on nomme un « agôn ». La venue du devin aveugle a été suggérée par le coryphée, mais cette demande a été précédée d'un conseil de Créon. ?dipe vient de vouer le coupable du meurtre de Laïos à l'exil, suivant l'oracle d'Apollon. Mais Tirésias, au lieu d'éclairer l'énigme, en ajoute une autre en refusant de parler. [...]
[...] Sophocle a su créer une dynamique oratoire qui prépare les révélations sans émousser l'effet de surprise et la violence de l'accusation. L'emploi répété des pronoms personnels et des adjectifs, de la première personne et de la seconde personne du singulier, conduit progressivement à l'éclat des accusations mutuelles des vers 349 à 353. La réplique de Tirésias : « Laisse-moi rentrer chez moi : ce sera mieux pour nous, crois-moi, toi pour assumer ton lot, et moi le mien. » vers 322-323 entrelace les pronoms dans une sorte de chiasme. [...]
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