Ouatann, Azza Filali, roman, géopolitique, Tunisie, révolution tunisienne, identité culturelle, littérature tunisienne
L'extrait qui est objet de notre étude concerne Michkat, une avocate divorcée d'environ quarante ans, qui travaille par défaut dans un cabinet juridique de la capitale où elle doit subir la loi d'un patron à la fois fourbe et véreux. Il est donc pertinent de s'interroger sur ce qu'Azza Filali a voulu transmettre au lecteur, et en particulier dans cet extrait.
[...] C'est aussi de cette manière qu'est transmis aux lecteurs ce contexte prérévolutionnaire qui a entraîné les événements de 2010 et 2011. Il doit donc en ressortir une idée de roman social avec une volonté de mettre au jour un modèle de Tunisie des décennies à venir. En cela, il s'agit d'un ouvrage atypique et l'extrait que nous avons étudié le montre. Nous sommes véritablement plongés au c?ur de la société tunisienne prérévolutionnaire au travers plusieurs personnages, Michkat dans l'extrait, ce qui est révélateur aussi de ce qui a entraîné ces événements qui ont causé la mort de 338 personnes et des blessures à plus de 2 000 autres. [...]
[...] C'est en tout état de cause ce qui ressort de l'interprétation de la vision de Michkat. Un quotidien gris, dans une ville « grise » (page 34) et « triste » (page 35). Tout cela renforce le sentiment de fragilité, en plus de pousser à une certaine solitude pour éviter le danger. Elle est lasse de ce quotidien et préfère être chez elle, son propre cocon, elle ferme les rideaux « d'un geste brusque », comme pour s'abriter de la vision de Tunis. On note également que la situation professionnelle de Michkat est utilisée par l'autrice pour mettre en avant la solitude et la fragilité de la narratrice, mais aussi pour faire état d'une certaine mauvaise mentalité dans la société pré-révolutionnaire tunisienne. [...]
[...] Chantage et corruption sont ainsi des méthodes qui viennent renforcer les sentiments de solitude, d'impuissance et de fragilité de la narratrice qui en étant honnête et droite n'a pas les moyens de lutter contre un système organisé de corruption. Cependant, elle n'est pas en paix avec elle-même et en vient à regretter sa démission, « la plus belle sottise » (page 36) depuis longtemps. Pourtant, à la page 35 nous pouvons lire « je suis bien . une éternité que je n'ai pas été aussi bien », ce qui démontre un certain état de perdition. [...]
[...] Dès lors, nous avons dans notre passage une description de ce contexte prérévolutionnaire, dont découle notre question problématisée : comment l'autrice parvient-elle à démontrer dans cet extrait que nous sommes dans un contexte prérévolutionnaire tunisien ? Nous allons ainsi raisonner en deux étapes certes distinctes mais complémentaires. D'abord, il va être question du style littéraire utilisé, qui laisse une place majeure à la description négative. Puis, nous allons nous intéresser aux sentiments de Michkat, dans la mesure où elle laisse transparaître une franche solitude et une fragilité importante. [...]
[...] Ouatann, Extrait - Azza Filali (2012) - Comment l'autrice parvient-elle à révéler le contexte prérévolutionnaire de la Tunisie ? Introduction : Le présent commentaire de texte va porter sur un extrait de l'ouvrage Ouatann (2012) d'Azza Filali. Née en 1952, cette autrice et scientifique tunisienne va publier plus d'une dizaine d'ouvrages, sur des thèmes divers. En effet, si son premier ouvrage Le Voyageur immobile traite des pratiques médicales, le roman qui va être le sujet de cet écrit porte quant à lui sur la Tunisie prérévolutionnaire de 2008. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture