Hypothèse scientifique, rationalité scientifique, expérience, empirisme, méthode expérimentale, réfutation empiriste
Les faits peuvent avoir à jouer un rôle majeur dans l'élaboration d'hypothèses scientifiques, mais en sont-ils les seuls critères ? L'expérience n'aurait-elle pas des limites nécessitant une conciliation avec des théories rationnelles ? L'expérience suffit-elle vraiment à pouvoir confirmer ou réfuter une hypothèse scientifique ? Si oui, pourquoi et quels en sont les implications ? Si non, quelle est alors la solution ? Une hypothèse contredite par les faits devra-t-elle tout de même être gardée, à tout prix et quel rapport avec l'empirisme ? Ces diverses questions sous-tendent un problème philosophique majeur, lié au difficile équilibre entre un empirisme clair, et la nécessité de dépasser l'expérience pour atteindre la vérité. Par-là, cela invite à réfléchir au rôle joué par l'expérience : d'un côté, en tant que confirmation, par induction ou déduction, l'empirisme semble alors remporter une victoire dans sa conception de la connaissance. Toutefois, n'existeraient-ils pas d'autres critères, affectant la conformité d'une hypothèse aux faits observés ?
[...] - L'expérience est donc un fondement incontournable de la connaissance scientifique, tout en étant critiquable sur différents points. Ainsi, l'expérience semble ne jamais être pure car elle a besoin d'instruments, de cadres théoriques, de présupposés. Ainsi, dans le Nouvel esprit scientifique, publié en 1934, Gaston Bachelard dit ainsi : « il n'y a pas de faits bruts, tout fait est construit ». Ex : Galilée, observant les satellites de Jupiter avec sa lunette astronomique les interprète dans un système copernicien. Toutefois, ces théories furent rejetées car entrait en conflit avec d'autres cadres théoriques. [...]
[...] Ainsi, il ne faut pas rejeter les hypothèses scientifiques en fonction d'anomalies ou de faits inexplicables car ce ne sont pas des preuves de réfutation directe. Au contraire, c'est en ajustant théoriquement l'hypothèse que l'on pourra alors maintenir la cohérence du paradigme. Cela renvoie donc à une légitimité du sauvetage de l'hypothèse scientifique, bien loin de la vision empiriste selon laquelle l'expérience est le critère ultime et absolu de validation d'une théorie scientifique. Ex : Pour Kuhn, nous sommes attachés aux paradigmes psychologiquement car il nous faut de repères, et épistémologiquement, car la science progresse dans un cadre clair et structuré. [...]
[...] Si l'expérience semble jouer un rôle central dans la confirmation ou la réfutation des théories scientifiques, son statut de critère absolu est néanmoins discuté. Certaines hypothèses, bien que contredites par des faits observés, ont été "sauvées" grâce à des hypothèses auxiliaires, révélant l'importance d'un réseau complexe de croyances dans l'évaluation des théories. Cette idée, défendue par Duhem et Quine, montre que l'expérience, bien qu'indispensable, ne suffit pas toujours à trancher sur la validité d'une théorie. Enfin, les débats autour du "sauvetage" des hypothèses et de leurs limites soulignent une tension entre la nécessité de maintenir des paradigmes scientifiques et l'exigence de progrès constant. [...]
[...] - Nuance : Mais, n'y a-t-il pas des moments où il faudrait pouvoir conserver la théorie ? Le fait que l'expérience ne la confirme suppose-t-elle forcément qu'elle soit fausse en elle-même ? Ce critère empiriste de réfutation ne serait-il pas trop strict ? B. Sauver l'hypothèse, une alternative au problème de la réfutation empiriste ? - Rappel : Pour les empiristes, toute hypothèse doit donc être abandonnée simplement si ses conséquences observables sont contredites dans les faits. Ce raisonnement repose sur ce qu'on appelle le modus tollens : si une hypothèse H implique une conséquence alors l'observation de non-O devrait suffire à rejeter H. [...]
[...] Ex : Par exemple, avec le système géocentrique de Ptolémée, on a dit que tout tournait autour de la Terre, immobile au centre de l'univers. Cependant, des anomalies ont été constatées : c'est le concept des épicycles qui a permis l'ajustement, et la conservation du système, sur des critères non-empiriques, jusqu'à ce qu'une théorie, celle de Copernic et son modèle héliocentrique, considéré comme meilleurs selon d'autres critères comme sa simplicité et sa conformité aux faits, prenne le relai. - A part l'expérience, d'autres critères existent donc, qu'ils soient religieux, métaphysiques, psychanalystes. [...]
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