Livre Premier
"Ne me rendrai-je point suspect par l'aveu qui va faire mon exorde ? Je suis l'amant de la belle Grecque dont j'entreprends l'histoire" : ainsi commence l'ouvrage. De fait, comment, dès lors, croire le narrateur sincère, animé qu'il est d'une "passion violente" ? (55) Le narrateur déclare n'avoir connu que les noirceurs de l'amour, "ce fatal poison" ; c'est un "amant rebuté, trahi même". Il était employé aux affaires du roi, à Constantinople ; il s'est très bien fait, dit-il, aux usages de la Turquie (56). Il a voyagé jusqu'ici pour satisfaire à la fois son penchant pour le plaisir et son penchant pour le savoir ; mais connaissant la "contrainte" où sont retenues les femmes du pays, il pense devoir faire une croix sur le premier. Pourtant, un ancien bacha de sa connaissance, Chériber, frappé par sa discrétion concernant son sérail, lui propose un jour de le visiter (57-8). Discussion sur le "dressage", la soumission de ces belles femmes (59), qui, pour la plupart sont des esclaves achetées sans distinction ; c'est alors qu'il présente au narrateur la fameuse Grecque, qu'il admire pour sa beauté et son "esprit", son "génie" (59).
1er échange du "je" et de la Grecque, qui semble ravie de son sort : "Une femme", dit-elle, n'a "point d'autre bonheur à espérer que celui de plaire à son maître" (60) (...)
[...] Le narrateur doit se rendre en France ; Théophé décide de l'accompagner (247) Ses réflexions lui avaient fait sentir autant que son expérience que le plus horrible des malheurs pour une personne de son sexe était l'esclavage ; aussi Théophé s'est-elle efforcée de sortir nombre de filles de sérails (247). Ils quittent ensemble Constantinople ; leur vaisseau fait esclave à Livourne (248). C'est là que Théophé se lie insensiblement à un certain comte de M.Q., dont elle semble étudier avidement les manières et boire les discours (249). Bientôt le narrateur se met à concevoir quelque soupçon sur leur attitude ayant un jour trouvé le comte agenouillé devant la cruelle Théophé (250-1). La jalousie du narrateur le dévore : Que m'avait-elle fait espérer ? Que m'avait-elle promis ? [...]
[...] d'où une nouvelle explication avec Théophé et de nouvelles incompréhensions mutuelles (142) : je lui confessai ( ) que tout ce qui la regardait depuis que je l'avais vue pour la première fois avait été pour moi une énigme perpétuelle, que son discours même me rendait encore plus difficile à pénétrer. (142). Théophé réplique : Je vous ai regardé comme mon maître dans la vertu, et vous voulez me entrainer vers le vice (143) ; la honte de Théophé la pousse à le fuir. Ils parviennent à un accord (146) Pourtant Bema, l'esclave que le narrateur a mise au service de Théophé, lui recommande de tout craindre de sa conduite (147). Le narrateur la lui donne à surveiller, mais veut absolument que ce soit à l'insu de la Grecque. [...]
[...] 1 Histoire d'une Grecque moderne, Prévost Résumé Edition de référence (pagination) : Prévost, édition établie par Alan J. Singerman. Paris : 1990, GF Flammarion. Avertissement Cette histoire n'a pas besoin de préface ; l'usage seul justifie cet avertissement. L'énonciateur avertit qu'aucune clé ne sera donnée au récit, qui a été trouvé parmi les papiers d'un homme connu dans le monde L'énonciateur entretient également l'illusion d'orientalisme, en déclarant que, pour faciliter la compréhension du public français, des termes ont été transposés (ex : sérail pour harem) Livre Premier Ne me rendrai-je point suspect par l'aveu qui va faire mon exorde ? [...]
[...] Il en vient à penser qu'elle ne veut désormais plus que lui inspirer de l'amour ; il s'étonne de l'étendue de sa reconnaissance (94). Le narrateur, délicat, est d'abord rebuté par la connaissance des anciennes liaisons de Théophé, mais en vient à penser qu'au fond, elle ne connait encore rien de l'amour et pourrait lui en inspirer (96). Il feint pourtant l'indifférence totale devant le sélictar, homme d'honneur mais cependant toujours épris de la Grecque (97). On découvre que l'intendant de Chériber a escroqué de l'argent au narrateur, par l'intermédiaire du sélictar : il a marchandé Théophé 1000 livres, alors que c'était un don. [...]
[...] C'est tout d'abord un grand bonheur pour Théophé, deux mois durant, que de se retrouver dans un sérail où elle est choyée ; tous ses caprices sont satisfaits. Mais bientôt, elle confie : L'idée de mon bonheur ne me touchait plus, parce que je n'y voyais plus rien qui réveillât mes sens ; Rendez-moi heureuse, disais-je à l'or et aux diamants ; tout était muet et insensible Son humeur change du tout au tout. La compagnie des autres femmes du sérail la lasse bien vite ; 4 mois s'écoulent. [...]
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