Les ruines circulaires, Jorge Luis Borges, L'Histoire selon Pao Cheng, Salvador Elizondo, culture, identité culturelle, création, pensée, imagination, littérature mexicaine, culture asiatique
L'Histoire selon Pao Cheng offre une référence significative, autour du mythe de la création, évoquant la mise en abîme de la figure d'un philosophe antique, façonnant et se trouvant façonnée tout à la fois par « l'Homme » dont il exprime les pensées les plus profondes. [...]
À la fois allégorie du cycle de la vie et réflexion sur l'humanité, ce récit entre en résonance avec l'homme forgé par le poète Jorge Luis Borges, extrait des Ruines circulaires, narrant, dans un récit merveilleux, la destruction d'un sanctuaire au coeur de la Perse antique, à l'aune d'une écriture universelle placée entre rêve et réalité.
[...] Ainsi, le rêve que l'homme façonne appartient entièrement à l'inconscient de la nuit où « Il rêva un homme entier, un jeune homme, mais celui-ci ne se dressait pas ni ne parlait ni ne pouvait ouvrir les yeux » à l'image de la figure d'un Adam mythique, issu de la cosmogonie gnostique. L'homme demiurge apparaît, surtout, comme un passeur passif qui « regarda les feuillets en désordre qui gisaient », incapable de saisir « les caractères incompréhensibles » de la vie, à l'image de Pao Peng qui « avait l'air absorbé par sa tâche de couvrir ces feuilles-là de papier avec des signes dont le contenu échappait encore à (son) entendement ». [...]
[...] Nous étudierons, dans un premier temps, comment pensée et imagination façonnent une vision complémentaire spécifique de la pensée asiatique. Puis, nous verrons, dans un second temps, comment la culture millénaire ancienne constitue un substrat unique, support des croyances mais aussi d'une civilisation à la fois distinctive, idiopathique et universelle. Il nous faut, d'abord, constater combien ces récits apparaissent faire écho au premier récit de Gilgamesh, « l'homme » de Jorge Luis Borges alterne scrupuleusement, et tout au long du récit, entre ces deux bords, passant « des leçons d'anatomie, de cosmographie » à celles « de magie », oscillant entre une pensée rationnelle, teintée de réflexivité lucide, à l'aune, par exemple, de « La quatorzième nuit il frôla de l'index l'artère pulmonaire ( . [...]
[...] Les ruines circulaires, Extrait - Jorge Luis Borges (1941) ; L'Histoire selon Pao Cheng - Salvador Elizondo (2013) - Comment ces deux extraits offrent-ils un visage unique fait de correspondances autour d'une culture ancienne forte ? Tandis que la sagesse populaire asiatique symbolise un ancrage fantasmagorique inégalé, aux yeux d'une culture occidentale puisant au c?ur d'adages simples tels que « Celui qui va lentement, arrivera rapidement » de Milarepa, des images à la fois apaisantes et exotiques, la littérature ancienne apparaît, elle, d'une extrême richesse cosmogonique, exhumant des caractères imaginaires anciens et variés, pour explorer des vérités essentielles, et offrant une multitude de contrastes exposés au détour de récits singuliers. [...]
[...] ) qui, après, devenaient grandes et puissantes avant d'être abattues à leur tour. Toutes les races et les villes qu'elles habitaient surgirent aussi majestueuses un instant avant de s'écrouler et de se confondre à la ruine et à la scorie d'innommables générations. » dans un élan magnifique. Cette quête d'universalité apparaît, de fait, marquée par une culture ancienne, prêtant aux pensées d'un philosophe des réflexions vieilles de « plus de trois-mille-cinq-cents-ans » sur le monde « centre inamovible et l'axe autour duquel tournent toutes les humanités qui l'habitent . [...]
[...] En effet, l'homme fait ici l'expérience de la destruction de ce sanctuaire qu'est la culture antique. En conclusion, ces deux passages issus de la culture zoroastrienne offrent une réflexion moderne utile sur l'ancrage cosmogonique d'une certaine vision du monde, plaidant ici pour le rejet d'un modèle géocentrique et dont la culture asiatique a hérité, s'auréolant des vertus de prédicateurs de l'Histoire, cependant menacée par la rationalité occidentale et l'éloignement de la culture bouddhiste. Entre réflexion « debout » et perception intuitive du monde, la culture moderne se cherche une voie, imprégnée d'une culture millénaire dont l'homme constitue encore, et à la fois, le Créateur et la Création. [...]
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