Le neveu de Rameau - Diderot

Résumé du document

De Diderot, on retient l'image du directeur de l'Encyclopédie et de l'athée militant. Il a été et s'est voulu un philosophe tel que le XVIIIème siècle l'entend, comme le décrit Dumarsais dans l'article Philosophe de l'Encyclopédie « un honnête homme qui agit en tout par raison ».
L'ouvrage de Diderot est multiforme, il s'illustre dans tous les genres excepté la poésie. Le neveu de Rameau ou satire seconde est un dialogue philosophique entre Moi et Lui. Deux personnages aux caractères différents argumentent tout au long de l'œuvre au sujet de la morale.

Extraits

[...] Le Neveu de Rameau ou satire seconde est un dialogue philosophique entre Moi et Lui. Deux personnages aux caractères différents argumentent tout au long de l'œuvre au sujet de la morale. Œuvre probablement écrite entre 1761 et 1782 puisqu'elle n'a vraiment été découverte que sur les quais de Paris en 1891 signée de la main de Diderot et, probablement destinée à Grimm. Une œuvre complexe, un dialogue qui permet une remise en question. Moi Diderot et, Lui le neveu de Jean Philipe Rameau, deux protagonistes diamétralement opposés se rencontrent devant un Café du Port Royal, le neveu de Rameau se présente à Moi Un autoportrait surprenant qui n'est pas sans choquer la morale, mais quel est l'intérêt de cet autoportrait du Neveu dans l'œuvre de Diderot ? [...]

[...] D'emblée il dit, je suis un ignorant, un sot, un fou, un impertinent, un paresseux puis de reprendre le fou l'impertinent, l'ignorant, le paresseux, le gourmand, le bouffon, la grosse bête Ce parallélisme met en évidence que le neveu insiste sur ces termes, de plus on remarque la présence du déictique je pour se terminer par une reprise à la troisième personne Rameau Les adjectifs font écho à un personnage de théâtre de rue : arlequin de la commedia dell'arte. Mais le fait de s'inclure dans ce rôle puis de s'exclure par la troisième personne peut aussi mettre en présence un personnage ambivalent c'est-à-dire que le neveu se considère comme un bouffon, mais qu'il est aussi considéré comme tel. Une structure qui suit un enchainement théâtral, un discours indirect libre créant une didascalie, un enchaînement des répliques entre moi et lui. Le Neveu de Rameau s'inscrivant dans un personnage théâtral de rue et se décrivant comme un bouffon. [...]

[...] De plus la composition de l'extrait fait écho aux œuvres théâtrales puisque nous avons une alternance du Moi et de Lui en face de chaque réplique. Lui nous est connu comme Rameau Moi n'a pas de nom, on ne le connait pas. De plus, la ponctuation donne un ton à la réplique de chaque personnage. Les trois points de suspension montrent bien que Lui est interrompu dans son discours pas Moi Le point d'exclamation met en avant la surprise ironique de Moi Une introduction qui ressemble à une didascalie, un extrait au goût d'une scène théâtrale. [...]

[...] Le Neveu s'est donné une allure de personnage comique intégrant une image du mal. Il ne cherche pas à se remettre en question Personne ne me connait mieux que moi il fait preuve de philosophie, il démontre qu'il est apte à pouvoir lui aussi à agir comme un philosophe et à raisonner suivant le connais-toi toi-même de Socrate ou bien le cogito ergo sumo de Descartes. Cependant, son intention philosophique au dialogue avec le Moi qui n'est autre que Diderot s'ébranle dans un dialogue prolixe laissant place à une déchéance du point de vue sociale. [...]

[...] Pour appuyer cet aspect, le Neveu met en place une tirade. La dernière réplique de Lui est longue, les répliques précédentes celle-ci sont de longueurs plus ou moins égales les unes par rapport aux autres. Or, celles-ci nous permettent de voir que le Neveu s'inscrit dans un discours élégiaque. Une plainte au goût d'une tirade qui lui permet d'exprimer son dégout, mais aussi de se donner en spectacle. La tirade cherche réellement à montrer au spectateur qui est Rameau. Celui se décrit, parle de sa personne à la troisième personne Rameau c'est par ce biais que le lecteur peut le connaitre par son nom. [...]