Médecine, patient, santé, femme, africaine, maternité, professionnels de santé, identité culturelle, discrimination raciale, discrimination de genre, éthnologie, parcours de soins
Dans les services de maternité de la région parisienne, le corps médical et paramédical désigne souvent les « femmes africaines » en tant que catégorie de femmes dotées de caractéristiques spécifiques (Sauvegrain, 2012).
Dans toutes les zones d'étude, il existe une grande homogénéité dans le discours tenu par les professionnels de santé au sujet des femmes catégorisées comme « africaines », c'est-à-dire des femmes noires identifiées par leurs traits phénotypiques, leurs habitudes culturelles et, dans les pratiques professionnelles, aux facilités ou difficultés qu'elles rencontrent au cours de leur parcours de soins.
[...] « Les critères retenus dans ces différentes catégories ont ainsi un impact direct sur l'ordre de passage aux urgences des patients, ainsi que sur la répartition des secteurs pour les infirmières. ». (Kotobi, 2000). Une étude sur les cardiologues utilisant des vignettes pour suivre les antécédents médicaux et la personnalité des patients a révélé que la race et le sexe du patient influençaient la décision des médecins d'orienter ou non les patients souffrant de douleurs thoraciques vers un cathétérisme cardiaque et que les résultats négatifs étaient plus frappants pour les femmes noires (Schulman et al. [...]
[...] Les formations des professionnels de santé en France sur la prise en charge de la maternité des femmes ayant des origines d'autres continents, sont soit organisées par des professionnels de santé ayant une formation en ethnomédecine, telle que l'ethnopsychiatrie, soit abordées sous l'angle unique de " LA " culture, indivisible et transmise à l'identique de génération en génération de patientes , ce qui rejoint les résultats d'autres études socio-anthropologiques comme celle de Cognet et de Montgomery (2007)11 La caractérisation des femmes racisées comme « africaines » et leur juxtaposition avec les "caucasiennes", sans discussion ni explication, reflète clairement les idées préconçues que la formation médicale inculque aux soignants et qu'ils transmettent ensuite aux autres soignants dans les centres de soins. En guise d'exemple, considérons la description suivante : « Le bassin osseux des Africaines est réputé comme étant transversalement rétréci. Il s'avère que le détroit supérieur est de type anthropoïde. Le diamètre transverse utile se trouve à la limite inférieure par rapport aux normes des bassins des Caucasiennes » (Bras, 2011)12. Cette description rejoint celle proposée par Caldwell et Moloy en 193313, qui est encore dispensée dans les cours d'obstétrique. B. [...]
[...] De plus, la cadence rapide des consultations hospitalières, combinée au temps limité accordé à chaque patient aux différents stades de la prise en charge, laisse peu de temps pour la transmission d'informations autres que médicales, ce qui accentue l'utilisation de catégories de patients plus ou moins délibérées. (Sauvegrain, 2013). « "Les Africaines suivent leur traitement, elles ne sont pas rebelles." Ces pratiques d'étiquetage ont déjà pu être relevées par J. Peneff ou par A. Véga qui, dans leurs enquêtes en milieu hospitalier, ont montré comment le personnel soignant organise son travail à partir des catégories de "bons" et "mauvais" patients, et de "malades lourds". » (Kotobi, 2000). [...]
[...] Cacher le ciblage aux patientes étrangères 1. Stratégies de dissimulation employées par les professionnels de la santé Lors d'une consultation de PMI dans une maternité parisienne, la sage-femme de ce centre ne précise jamais à la patiente qu'elle est accompagnée dans cette consultation en raison de son statut de « personne vulnérable ». Ainsi, ce groupe spécifique de patientes attend dans la même salle d'attente, au même étage, que les autres patientes de la PMI, toutefois les sages-femmes consultent dans une salle d'examen réservée à cet patientèle spécifique. [...]
[...] Ces différences sont donc perçues sur la base d'une origine géographique réelle ou perçue, d'attributions ethniques ou raciales qui permettent de construire cette catégorie, parmi d'autres (Sauvegrain, 2013)8. En ce qui concerne les migrants, les professionnels de la santé décrivent des caractéristiques spécifiques, principalement de la population originaire d'Afrique Subsaharienne et du Maghreb. Ces patients sont principalement considérés comme « différents » en raison de leurs caractéristiques physiques (couleur de peau, vêtements), de leur mode de vie (vie en communauté, gestion différente du temps), de leurs croyances (fatalisme, sorcellerie) ou de leur perception du malheur (culpabilité, péché, fatalité). Cette altérité justifie en partie leurs difficultés d'intégration sociale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture