Psychologie sociale, psychologie cognitive, Le témoignage en justice, Nathalie Przygodzki-Lionet, sciences sociales, psychologie légale, protocole d'audition, système judiciaire
Nathalie Przygodzki-Lionet, auteure de deux ouvrages : « Psychologie et justice : de l'enquête au jugement », paru en 2012, et « Psychologie du jugement moral : fondamentaux et concepts », paru en 2013, est professeure de psychologie à l'Université de Lille 3, responsable du Master 2 « Psychologie et Justice » et directrice adjointe au laboratoire PSITEC (Psychologie : Interactions, Temps, Émotions, Cognitions).
Elle a publié, en 2014, « Le témoignage en justice : les apports de la psychologie sociale et cognitive » dans la revue « Histoire de Justice », un article retraçant l'historique des apports de la psychologie sociale et cognitive sur la problématique de la fiabilité des témoignages dans le cadre d'affaires criminelles.
[...] A partir de 1979, de nombreux chercheurs en psychologie sociale et cognitive vont travailler à enrichir cette problématique testimoniale en s'intéressant aux méthodes utilisées, au contexte des auditions et des interactions entre les témoins et les professionnels de police/justice. Les processus mentaux à l'?uvre dans l'appel à la mémoire relèvent de la psychologie cognitive, et ceux-ci sont cependant dépendants de nos perceptions et de notre environnement social. La perspective psychosociale relira les trois dimensions à l'?uvre dans le témoignage : « le soi, autrui et le contexte. [...]
[...] D'après l'auteure, les apports de la psychologie sociale et cognitive sur l'étude des biais à l'origine d'erreurs judiciaires devraient être connus des professionnels de justice. Ainsi, une formation pourrait être mise en place, pour familiariser tous les acteurs à l'étude des témoignages et des biais situationnels afin de mettre en place des procédures permettant de les éviter. L'auteure prône aussi un rapprochement entre la recherche fondamentale et les acteurs de terrain (psychologues, juristes) pour « une meilleure applicabilité des résultats scientifiques » et pour que le système judiciaire optimise son efficacité et « valorise sa modernité ». [...]
[...] L'audition en elle-même, comporte aussi un contexte avec des conditions particulières qui peut influer sur les comportements (Fischer, psychologie de l'environnement, 1997). Plus celle-ci se passera dans des conditions confortables (bruit, climat?) et rassurantes (distance interpersonnelle.), plus les erreurs seront limitées. La manière dont est mené l'entretien a aussi ses effets sur les témoins. Loftus (1979) à partir d'observations auprès des enquêteurs, explique que les erreurs constatées sont liées à leurs méthodologies. Les interruptions des enquêteurs ne favorisent l'élaboration des souvenirs, cela déconcentre (Jou et Harris, 1992), perturbe l'auditionné et favorise un sentiment « de ne pas être écouté » et est source de démotivation. [...]
[...] A la lumière de tous ces éléments pouvant biaiser les témoignages, Edward Geiselman et ses collaborateurs (1980), ont proposé un nouveau protocole d'audition : « l'entretien cognitif » selon la méthode non-directive visant à favoriser l'émergence des souvenirs en s'appuyant sur 4 règles mnémotechniques : « l'hypermnésie, la remise en contexte, le changement d'ordre de narration, le changement de perspective ». Une récente méta-analyse, de Menon, Meissner et Fraser (2010) confirme l'influence positive de ce type d'entretien sur la mémoire des témoins. Dans les opérations d'identification ou d'élaboration du portrait-robot, le témoin peut aussi être influencé par différents facteurs. Un processus d'influence est mis en lumière par Robert Rosenthal (1960), sous le terme « l'effet des attentes ». [...]
[...] » Ainsi, selon Hugenberg, Young, Bernstein et Sacco (2010) : « il est plus difficile d'identifier des personnes dont l'appartenance raciale est différente de la nôtre. » Selon Sporer, Penrod, Read et Cutler (1995), malgré la reconnaissance de la fragilité des preuves testimoniales et la difficulté à s'assurer de l'honnêteté des témoignages, ceux-ci sont toujours surestimés et ont des impacts sur les décisions du jury. Des études de Lanström et Granhag (2010) sur les témoins-enfants ont démontré l'effet sur le jury de la présence des témoins et de leur état émotionnel. [...]
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