Ronsard, "Sonnets pour Hélène", Sonnet LXV : commentaire - publié le 05/11/2009

Résumé du document

Apparemment, le poète éprouve un grand chagrin. La litote (l'art d'en dire le moins pour en suggérer le plus) qui occupe le premier hémistiche "je ne serais marri" (v1), exprime avec le conditionnel, une possibilité de bonheur apparemment non obtenu : espoir de bonheur d'un côté, mais condition non réalisée de l'autre "si tu comptais ma peine" (...)

Extraits

[...] Peu à peu, en dépit de leur différence d'âge et de la réserve d'Hélène, Ronsard se prit à aimer sincèrement la jeune fille. Lecture Poète des amours sans retours, nous verrons dans quelle mesure ce 65ème poème annonce simplement la résignation du poète à être aimé d'Hélène, ou s'il témoigne juste d'un exercice de style poétique dans lequel l'amour serait un topos. Pour ce faire, nous analyserons les souffrances du poète pour se rapprocher de celle qu'il aime puis nous verrons la représentation symbolique d'une opposition de statut entre les 2 protagonistes du poème. [...]

[...] Conclusion : Les efforts épuisants du poète pour accéder au rang de son interlocutrice, réduisent ce poème à une plainte coutumière inspirée par les degrés. La poésie devient prière et le poète reste au niveau de la terre, bien loin de l'Olympe et des Cieux. Le constat d'une position divine d'Hélène, se double de l'amer constat d'une position inférieure soulignée par le refus. Cette situation entre donc dans les topoï du discours amoureux. Ceci peut justifier l'éventuelle dérision que contient le texte : Est-ce simplement un sonnet très travaillé et très structuré qui affirme son caractère de plainte, de prière ? [...]

[...] L'opposition symbolique des statuts Les deux premiers quatrains commencent par je et les deux tercets par tu et t' Cette mise en scène des protagonistes est caractéristique de la poésie amoureuse : le poète s'adresse à son amour. Il faut attendre le vers 9 pour savoir quelle est assimilée à une divinité Tu es vraiment déesse Toutefois, l'interlocution est présente dans toutes les strophes, de manière explicite De compter tes degrés ou implicite Pour ouïr un nenni (v7). Ce jeu de pronoms personnels s'exprime en un entrelacement de constats mettant en relief de nombreuses oppositions. Tout le sonnet est construit sur une structure binaire. [...]

[...] Chez Nerval, l'exposé présente deux conceptions de l'univers, cette opposition conduit comme chez Ronsard, à faire apparaître que le sonnet se construit sur un double mouvement. De même, la chute, (la pointe), reprend l'idée d'ensemble sous la forme d'une conclusion synthétisante, à la manière d'un proverbe ou d'une maxime, au présent généralisant. Dans ces 2 cas, par sa forme très réduite, le sonnet met en relief l'essentiel et conduit à une réflexion sur l'homme. Se livrer au sonnet, c'est s'amuser à maîtriser une forme fixe et contraignante. Un vrai travail d'orfèvre. [...]

[...] L'exposé de se difficultés, Je perds à chaque marche et le pouls et l'haleine J'ai la sueur au front, j'ai l'estomac pantois est mis en scène à partir du champ lexical du corps. Le vocabulaire poétique, voir animal est mis en relief par l'anaphore de et au vers 5 et par l'exact parallélisme au vers 8 De dédain de froideur et d'orgueil toute pleine Le mélange des tons et des niveaux de langue, alertent sur l'incapacité du poète à rejoindre sa belle. Le poète est condamné à souffrir. Le sonnet est dominé par un mélange de langue courante, exprimant des réalités physiologiques, et des termes appartenant au domaine mythologique. [...]