La Rochefoucauld, forme stylistique, pensée critique, Les Maximes, aristocratie
« Nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés. »
Cette sentence — célèbre et cinglante — résume à elle seule la démarche de La Rochefoucauld : dénoncer les faux-semblants, traquer l'égoïsme dissimulé sous les oripeaux de la morale.
Maximaliste du minimalisme stylistique, moraliste sans illusion, ce grand seigneur du XVIIe siècle a légué au monde un recueil de maximes qui continue de fasciner et d'agacer : Les Maximes (ou Réflexions ou sentences et maximes morales). Son regard désabusé sur les passions humaines est à la fois une gifle et une leçon. Pourquoi faut-il encore lire cet aristocrate pessimiste et stylisé ? Parce que son oeuvre éclaire les vérités cachées de nos comportements, qu'elle propose une forme stylistique d'une pureté exemplaire, et qu'elle nourrit une lucidité nécessaire à l'exercice de la pensée critique.
[...] C'est accepter que nos vertus aient des racines troubles, que notre grandeur soit faite d'un subtil alliage d'orgueil et de peur, de désir et de stratégie. Mais c'est aussi apprendre à penser plus finement, à écrire plus justement, à voir plus clair. C'est une leçon d'intelligence et de style, un appel à la lucidité et à la maîtrise. La Rochefoucauld ne console pas, il éclaire. Et cela suffit. Il faut lire La Rochefoucauld, parce qu'il fait de la pensée une lame, et de la lucidité une noblesse. [...]
[...] Pour les lecteurs et élèves d'aujourd'hui, confrontés à une langue souvent diluée, surchargée, lire La Rochefoucauld, c'est redécouvrir la puissance du mot juste, de la brièveté expressive, du choc de la formule. Une maxime, c'est un uppercut de lucidité enveloppé dans un sourire poli. On pourrait croire La Rochefoucauld figé dans son siècle, prisonnier de la morale mondaine. Il n'en est rien. Sa lucidité sur l'égoïsme humain, sur la vanité des sentiments, sur le pouvoir du regard social, fait de lui un auteur étonnamment moderne. À l'heure des réseaux sociaux, du culte de l'image, des postures vertueuses affichées en ligne, que dirait La Rochefoucauld ? [...]
[...] Et si sa vision semble noire, il faut comprendre qu'il ne détruit pas la vertu : il en démonte les rouages pour mieux en révéler la complexité. Il ne dit pas « il ne faut pas aimer », il dit : regardez bien ce que vous appelez « aimer ». Chez La Rochefoucauld, la forme est reine. Il ne s'agit pas d'écrire beaucoup, mais d'atteindre l'os, la moelle même de la pensée, dans une langue d'une sobriété élégante, tranchante comme le cristal. [...]
[...] Pourquoi faut-il lire La Rochefoucauld ? « Nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés. » Cette sentence - célèbre et cinglante - résume à elle seule la démarche de La Rochefoucauld : dénoncer les faux-semblants, traquer l'égoïsme dissimulé sous les oripeaux de la morale. Maximaliste du minimalisme stylistique, moraliste sans illusion, ce grand seigneur du XVIIe siècle a légué au monde un recueil de maximes qui continue de fasciner et d'agacer : Les Maximes (ou Réflexions ou sentences et maximes morales). [...]
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