Ronsard, "Quand vous serez bien vieille" : commentaire

Résumé du document

Poète engagé et inscrit dans son temps, Ronsard est considéré comme « le prince des poètes ». Il écrira de nombreux poèmes et remettra le sonnet à l'ordre du jour, comme « Quand vous serez bien vieille... », sonnet écrit en 1578 et publié dans Sonnets pour Hélène. Le poème d'amour est typique de la Renaissance et donc de l'humanisme, mouvement auquel appartient Ronsard. Mais, en analysant plus en détail ce sonnet, peut-on dire qu'il s'agit réellement d'une déclaration d'amour ? Pour répondre à cette problématique, nous allons étudier le poème à travers deux axes. Dans un premier plan, nous considèrerons la demande amoureuse pour le moins originale de Ronsard, puis dans un second plan, nous aborderons la notion d'éloge de la poésie qu'on retrouve dans ce sonnet (...)

Extraits

[...] Premièrement car Ronsard, en se mettant en scène, parle de sa mort sans évoquer sa vieillesse, comme il le fait pour Hélène. Ici, sa mort est douce, paisible je prendrai mon repos v.10) et il parle de cette paix par les ombres myrteux (v.10), le myrte étant un arbuste méditerranéen qu'on associe souvent à Vénus, déesse de l'amour, mais aussi au laurier qui symbolise la paix et la gloire. On peut donc imaginer que la mort de Ronsard est plus un apaisement qu'une déchéance, qu'elle est non subie, l'auteur se décrivant sans aucun avilissement, en comparaison avec la posture dégradante et la décrépitude d'Hélène. [...]

[...] Cette philosophie de vie, qu'on appelle le carpe-diem est apparue pour la première fois dans le vers carpe diem quam minimum credula postero (littéralement cueille le jour sans te soucier du lendemain du poète Horace, dans ses Odes, I À Leuconoé Ainsi, on retrouve cette notion de carpe-diem dans les deux derniers vers du sonnet : Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain: / cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie Ce poème très réaliste est presqu'une provocation : Ronsard joue avec la tradition. Il donne une image peu amène de la femme qu'il ‘‘aime'' et qu'il met en scène. C'est un poème d'amour original mais c'est également l'occasion pour le poète de donner une leçon de vie, de faire son éloge et celui de la poésie, qui confère l'immortalité au poète. Cette poésie n'est pas mièvre, c'est au contraire un message de vie, esthétique et didactique. Ronsard, prince des poètes aborde d'une manière originale le thème de l'amour. [...]

[...] A-t-il inspiré d'autres poètes, écrivains, peintres humanistes ou est-ce cela qui a fait forgé son originalité et sa réputation ? [...]

[...] En second plan, Ronsard aborde le thème de la survie du poète au fil du temps. La notion la plus importante ici est le fait que la poésie confère l'immortalité '' à Ronsard. En se nommant dans son sonnet, Ronsard s'assure une postérité au cours des siècles. Dans chaque strophe, le poète est présent, voir même plus présent qu'Hélène. Par contre, bien qu'avilissant Hélène et la mettant dans une posture dégradante, la gloire du poète rejaillit sur elle et lui profère également l'immortalité. [...]

[...] On peut presque parler dans ce poème d'antonomase. Ici, l'Hélène dont parle l'auteur serait, en fait, une désignation de toutes les femmes, et même de tous les Hommes qui liraient ce poème. Ainsi, par ce procédé ingénieux du poète, le lecteur se voit implicitement touché par le sort de la femme Une femme qu'on ne peut nommer, car en réalité, Hélène n'existe pas, elle n'est qu'une idylle fictive du poète, ce sonnet ayant été commandé par Catherine de Médicis pour sa distraction. [...]