Molière, "Dom Juan", Acte I scène 1 (lecture analytique)

Résumé du document

Lecture analytique d'un extrait de la première scène de l'acte I de Dom Juan de Molière. Le passage étudié s'étend de "Je n'ai pas grande peine (...)" à "(...) je dirai hautement que tu aurais menti.".

Extraits

[...] L'œuvre a été publiée à Paris en 1682 dans une version édulcorée (édition La Grange des Œuvres de Molière) et à Amsterdam en 1683 dans une version plus conforme au texte joué en 1665. La troupe de monsieur, frère du roi, que dirige Molière triomphe. Le parti dévot monte une cabale contre Tartuffe qui devait être donné durant la saison d'hiver au théâtre du palais royal. Molière doit donc, à la hâte, composer une nouvelle pièce. Il choisit un sujet en vogue à l'époque, où se répand, dans la noblesse, l'esprit corrosif du libertinage : ce sera Dom juan Le passage proposé est extrait de la scène 1 de l'acte I. [...]

[...] Molière brosse, à sa manière, un portrait du grand seigneur impie et débauché. Ce texte nous renseigne sur l'intrigue, mais nous permet aussi de découvrir les caractères du héros, celui de son valet, ainsi que les rapports qui lient ce couple. La lecture analytique étudiera d'abord le portrait du maître par le valet puis elle mettre en évidence le portrait du valet par lui-même. Le portrait du maître par son valet L'impie DJ n'a ni religion ni superstition : il ne croit ni ciel, ni enfer DJ est donc un libertin : ne reconnaît aucune autorité supérieure à celle de la conscience qui se veut indépendant des pouvoirs de l'église, de l'état et des intellectuels. [...]

[...] Le pédantisme Il cherche à imiter son maître sans succès et le parodie Il pratique la citation latine : inter nos Sa culture n'est faîte que de gros cliché tel que une bête brute qui désigne DJ ; Sganarelle est fière de ses discours La verdeur populaire Il utilise des amplifications burlesques : il aurait encore épousé toi, son chien et son chat Pèlerin à propos de son maître, c'est ironique et désigne en réalité un homme peu recommandable 3. La verve bouffonne Il est emporté par son discours rythmée et dynamique Accumulations bouffonnes. Il utilise des antithèses faciles Hyperboles qui donnent un air dramatique à sa vie : il me vaudrait mieux d'être au diable que d'être à lui. [...]

[...] Dans ce texte qui appartient à la scène d'exposition, DJ, libertin d'une envergure exceptionnelle est décrit par un valet poltron, bavard et secrètement admiratif. Le ton burlesque place la pièce sous le signe de la comédie, mais le thème religieux lui donne un caractère polémique. Molière semble insinuer plutôt que la crédulité du valet balourd est aussi dangereuse et condamnable que le libertinage provocant du maître. Cette scène fait bien sur écho à la scène 2 de l'acte I qui met avant l'arrivée de Dom Juan. [...]

[...] Le grand seigneur DJ méprise surtout les femmes : il les collectionne ; pour séduire il se montre hypocrite (ex mariage) Sganarelle constate avec effroi qu'un grand seigneur méchant homme est une terrible chose L'aristocratie de DJ lui permet de dépenser sans compter : il consomme et n'épargne pas. Cette volonté de jouir en permanence de la vie s'accompagne d'une allégresse provocante. Sganarelle fait allusion à la méchanceté de son maître, à son plaisir de faire souffrir les autres. Le portrait du valet par lui-même Le crédule 1. [...]