Jean de La Fontaine, "La mort et le mourant"

Résumé du document

Né en 1621, Jean de La Fontaine ne découvrit son talent de fabuliste que très tardivement. C'est à trente-trois ans qu'il publie sa première œuvre, une comédie théâtrale, L'Eunuque. En 1668, il publie le recueil Fables choisies mises en vers, dédiées au Dauphin, qui regroupent 124 fables, divisées en deux parties, dont les livres 7 à 11, publiés de 1678 à 1679, sont dédiés à Mme de Montespan. De ce recueil est tirée la fable « La Mort et le Mourant », première du livre 8. S'inspirant d'un récit d'Abstémius intitulé Le vieillard qui ne voulait pas mourir, l'auteur nous narre la confrontation entre la Mort personnifiée et un vieillard. Ce texte s'articule autour d'un double point de vue, la voix du conteur et la voix du fabuliste. Nous pouvons donc nous demander en quoi cette fable se révèle être un apologue construit autour d'un récit fictif, qui dissimule en vérité la philosophie épicurienne de l'auteur ? Pour tenter de répondre à cette question, nous allons tout d'abord expliquer de quelle manière « La Mort et le Mourant » peut être considérée comme une fable présentée sous forme d'argumentation théâtrale, puis nous nous attellerons à mettre en exergue la philosophie épicurienne de l'auteur, qui transparaît dans la fable.

Extraits

[...] La fable La Mort et le Mourant se révèle donc être une fable plus philosophique que satirique. Ainsi, La Fontaine a renouvelé, avant tout par son originalité, les fables qui, de simples apologues, sont devenues des poèmes d'une infinie variété, d'une versification aux innombrables diversités. En effet, le combat entre la Mort et le Mourant présente de manière ludique et plaisante la philosophie d l'auteur : l'épicurisme. Maniant avec assurance l'allégorie et la structure théâtrale, il fait évoluer l'anecdote, qui rend l'enseignement plus facile à comprendre. [...]

[...] résume la thèse défendue par la Mort. Cette fable apparaît donc comme un apologue construit autour d'une anecdote, la joute oratoire entre la Mort et le Mourant. Mais cette confrontation a avant tout pour but d'illustrer le point de vue de l'auteur : ici, le combat entre la Mort et le Mourant engage une réflexion sur la crainte de la Mort, que La Fontaine rejette en défendant la philosophie épicurienne. II. La fable au service de la morale : la philosophie épicurienne de l'auteur a. [...]

[...] L'apologue se propose d'instruire le lecteur ; notons l'utilisation du présent à valeur de vérité générale des vers 55 à 60. Cependant, au-delà de la portée didactique, la fable contient un récit présenté sous forme théâtrale. On peut remarquer la mise en scène de deux personnages : la Mort Se plaignait à la Mort et le Mourant Un Mourant qui comptait plus de cent ans de vie ainsi qu'une structure typiquement dramatique en trois parties : -Une exposition concise (v.20 à v.24), qui informe le spectateur sur l'intrigue et présente les protagonistes. [...]

[...] Né en 1621, Jean de La Fontaine ne découvrit son talent de fabuliste que très tardivement. C'est à trente-trois ans qu'il publie sa première œuvre, une comédie théâtrale, L'Eunuque. En 1668, il publie le recueil Fables choisies mises en vers, dédiées au Dauphin, qui regroupent 124 fables, divisées en deux parties, dont les livres 7 à 11, publiés de 1678 à 1679, sont dédiés à Mme de Montespan. De ce recueil est tirée la fable La Mort et le Mourant première du livre 8. [...]

[...] dit-il ; attendez quelque peu : Ma femme ne veut pas que je parte sans elle ; Il me reste à pourvoir un arrière-neveu ; Souffrez qu'à mon logis j'ajoute encore une aile. Que vous êtes pressante, ô Déesse cruelle ! 30 -Vieillard, lui dit la Mort, je ne t'ai point surpris ; Tu te plains sans raison de mon impatience : Eh ! n'as-tu pas cent ans ? Trouve-moi dans Paris Deux mortels aussi vieux ; trouve-m'en dix en France. Je devais, de dis-tu, te donner quelque avis 35 Qui te disposât à la chose ; J'aurais trouvé ton testament tout fait, Ton petit-fils pourvu, ton bâtiment parfait. [...]