Qu'est-ce qu'un classique ? - publié le 22/04/2010

Résumé du document

Le classique, est avant tout un auteur antique grec ou latin, déjà considéré en son temps comme un scriptor clasicus et qui se donne en modèle à des auteurs plus contemporains.

Ce sont tous ces auteurs de style pur et d'expression morale vertueuse, car en harmonie avec un régime politique équilibré, qui vécurent principalement pendant la période de la République romaine jusqu'à la fin de l'Empire (pour les auteurs latins) ; et entre le I siècle avant Jésus-Christ et le premier siècle de notre ère (pour les auteurs grecs) (...)

Extraits

[...] C'est la raison pour laquelle il doit toujours adapter le choix du genre à sa parole, et le choix du style au genre qu'il a choisi : Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément. Cette nouvelle conception du classique permet la réhabilitation de certains genres mineurs. Dans son Art Poétique, Boileau appelle à élever Marot au statut de clasicus, car figure d'autorité dans son genre, à savoir l'épigramme. Car Boileau appelle à l'alliance du génie (ingenio) et du talent (arte). Il faut, même en chansons, du bon sens et de l'art. ce qui permettrait de faire d'Edith Piaf et de Jacques Brel des classiques en leur ordre . [...]

[...] De même, il est avéré que Flaubert pratique les règles de Boileau dans l'écriture de Salambô, notamment par l'application systématique de l'aptum, qu'illustre la recherche de passages motivés, c'est-à-dire qui ont une justification par rapport au but recherché, c'est-à-dire par le rejet systématique de spontanéisme ou d'écriture réglé par l'aléatoire. Aussi, Baudelaire écrit dans Fusées qu'il admire chez Malherbe la ciselure de sa versification. Et que penser de Pour un Malherbe de Francis Ponge ? Rappelons-nous Goethe condamnant Kleist alors qu'il appartenait au mouvement Sturm und Drank : j'appelle le classique sain et le romantique le malade . [...]

[...] Qu'entend-on quand on dit c'est un grand classique du roman policier ? La valeur de l'œuvre se mesure-t-elle au fait qu'elle est ou qu'elle est devenue représentative des codes du genre qu'elle incarne ? Et si l'œuvre singulière s'efface aux règles tant attendues par le genre, peut- elle toujours être un chef-d'œuvre ? De là, un grand auteur se reconnaît-il alors à l'aisance avec laquelle il se conforme à une règle qui régit le genre qu'il pratique ? Un grand auteur n'est-il pas plutôt quelqu'un qui assume la règle mais sait la sublimer, contrairement à un imitateur borné à l'Antique ou à un naïf applicateur de normes ? [...]

[...] Si Boileau reconnaît, comme Malherbe, que Ronsard avait, par son désir de tout régler (application directe des préceptes du classicisme) tout brouillé, faisant un art à sa mode miroir du faste pédantesque et de l'orgueil son désir de perfection le fit sombrer dans la démesure - ; Boileau lui concède d'avoir toujours fait appel avant d'écrire à sa raison, à son λόγος. Pour Boileau, l'auteur classique doit nécessairement obéir à un critère : celui de l'adéquation parfaite de la langue à l'idée développée. C'est la théorie de l'à propos (aptum) : du moment que l'auteur motive et sait pourquoi il utilise telle chose, ou il transgresse telle règle pour démontrer quelque chose, il reste conforme par l'esprit et non par les lettres à la doctrine classique. [...]

[...] FICHE_QU'EST-CE QU'UN CLASSIQUE ? Remarque préliminaire : Classique, adjectif substantivé dont le dérivé substantif renvoie tant à la fois à un auteur qu'à une oeuvre. Le classique, est avant tout un auteur antique grec ou latin, déjà considéré en son temps comme un scriptor clasicus et qui se donne en modèle à des auteurs plus contemporains. Ce sont tous ces auteurs de style pur et d'expression morale vertueuse, car en harmonie avec un régime politique équilibré, qui vécurent principalement pendant la période de la République romaine jusqu'à la fin de l'Empire (pour les auteurs latins) ; et entre le I siècle avant Jésus-Christ et le premier siècle de notre ère (pour les auteurs grecs). [...]