De Methodis, Giacomo Zabarella, rationalité, science démonstrative, déduction, connaissance, pré-connaissance, ordre, faire savoir, méthode
Zabarella écrit : " La pré-connaissance de la vérité des propositions est nécessairement agente, car elle agit déjà et implique la vérité de la conclusion". En d'autres termes, si nous définissons une démonstration comme un enchaînement logique de propositions qui se valident les unes les autres, alors il s'ensuit que la conclusion d'une démonstration est déjà présente à son commencement, comme en témoigne le CQFD (ce qu'il fallait démontrer) qui clôt les démonstrations géométriques. Cependant, bien que l'ordre et la méthode puissent être considérés comme relevant d'une même disposition de notre esprit dans sa quête de connaissance, Zabarella insiste sur le fait que la méthode, dans sa fonction propre, se sépare de l'idée d'ordre au sens strict.
[...] Démontrer c'est inférer Penser, c'est inférer et ne pas seulement raisonner selon un ordre ou une disposition logique de notre discours. Or comment faut-il comprendre l'inférence et son caractère fondateur dans la connaissance ? Lorsque je pense avec ordre, je dispose ou j'agence mon discours de façon à ce que celui-ci ne soit pas contradictoire. Cette non-contradiction suppose une série de propositions répondant à des définitions précises, qui constituent le fondement de la vérité de mes démonstrations. On trouve cette nécessité logique dans l'emploi de tous les noms, même les plus simples et les plus évidents. [...]
[...] Cette pré-connaissance agente apparaît comme une puissance en acte, guidant la démonstration de son début jusqu'à sa conclusion. Si un premier mouvement de la raison se définit en tant qu'ordre, il s'appuie sur ce qu'on a posé comme vrai azu début de la démonstration. Mais ce savoir suppose que la raison ne cherche pas à trouver quelque chose d'inconnu, seulement à signifier plus précisément quelque chose de déjà connu, au travers de pré-connaissances dirigeantes. C'est à dire, au sens où l'entend Zabarella, par une « disposition du savoir ». [...]
[...] Ce genre de savoir se détache de l'ordre au sens strict, car il s'agit ici de déterminer par une démonstration l'essence d'une chose. Inférer, c'est donc déterminer la cause, c'est-à-dire le « pourquoi » d'une chose. De la sorte, dans une démonstration, les prémisses doivent être « vraies, premières, immédiates, plus connues que la conclusion, antérieures à elles et causes de la conclusion » b 21). Ces principes sont la puissance qui permet à l'intellect de devenir agent de la vérité c'est-à-dire de réaliser sa forme dans un acte de connaissance. [...]
[...] Un nom se sépare d'une définition, dans le sens où celle-ci suppose que nous établissions de façon plus précise et complète les attributions auxquelles se rattachent précisément un nom ou une série de nominations connus. La définition apparaît donc toujours comme un effort ou une précision dans la connaissance du nom. De la même manière, une proposition, entendue ici comme phrase au sens grammatical, suppose un certain de nombre de définitions, considérées comme justes et permettant d'enrichir celles-ci. Une proposition est une vérité que nous déduisons d'un certain nombre de définitions. [...]
[...] S'il existait pour Aristote un objet de la méthode qui devait définir plusieurs types d'axiomatiques, il n'existait qu'un seul ordre, inscrit dans la nécessité du rapport du logos avec lui-même et avec le réel. CONCLUSION Il semble bien que le commentaire de Zabarella s'inscrive dans une lecture humaniste de l'Organon d'Aristote. Ici, le commentaire suppose que toute la logique repose en tant qu'instrument du savoir sur des principes et sur la faculté que possède l'esprit humain d'inférer à partir de ces principes de nouvelles connaissances. Une part de liberté et d'exploration est donc faite à l'esprit, dans son cheminement et dans la modalité de son rapport au monde. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture