Psychanalyse, fantasme, phantasme, expérience du vide, identité, Freud, Lacan
Le sujet du fantasme fait partie du socle de réflexion de la psychanalyse : de nombreux écrits existent à ce sujet, riche et fécond, et encore aujourd'hui, il est matière à réflexions et débats chez les psychanalystes. Chez les auteurs psychanalytiques, ce terme a parfois désigné les « phantasmes » conscients, du type des rêves diurnes. Mais les découvertes de Freud l'ont très tôt amené à reconnaître l'existence de phantasmes inconscients. Cette acception du mot est indispensable. Les traducteurs de Freud en anglais ont adopté une orthographe spéciale du mot « phantasme », avec ph, pour différencier la signification psychanalytique du terme, c'est-à-dire les phantasmes, surtout ou entièrement inconscients, du mot populaire fantasy (« fantaisie » ou « fantasme ») qui désigne des rêves diurnes conscients, des fictions, etc. (Isaacs, 2013). Le terme psychanalytique de « phantasme » désigne essentiellement un contenu psychique inconscient, qui peut ou non devenir conscient. Cette signification du mot a pris une importance croissante, surtout à la suite des recherches de Melanie Klein sur les premiers stades du développement. En outre, le mot « phantasme » a été souvent utilisé pour établir une opposition avec la « réalité », ce dernier mot étant pris comme équivalent de « faits extérieurs », « matériels » ou « objectifs ». Mais lorsqu'on appelle ainsi la réalité extérieure : réalité « objective », on a recours à une hypothèse implicite qui dénie à la réalité psychique qui est sa propre objectivité comme fait psychique. Certains analystes tendent à opposer le « phantasme » à la « réalité » d'une façon qui sous-estime l'importance dynamique du phantasme.
[...] Or, comme le fait remarquer Isaacs S. (1996) à recourir imprudemment à la métaphore archéologique, on peut perdre de vue que dans les cas « les plus patents » où Freud6 a comparé psychanalyse et archéologie, il a aussi pris la peine de les distinguer nettement, en rappelant que « les matériaux mis au jour par l'analyse sont, contrairement à ceux des archéologues, encore vivants » (Freud, 1937). Considérations actuelles sur les fantasmes On retrouve, jusqu'à un certain point, la conception sédimentaire dans la théorie kleinienne du « phantasme » qu'elle écrit alors avec un « ph » et non « f », afin d'insister sur la nature inconsciente du propos, théorie qui pourtant insiste sur la notion de réalité psychique. [...]
[...] Ces expériences de vide se retrouvent bien souvent chez les patients adoptants des conduites additives. Dans ses psychanalyses de patients présentant une forte propension au « sex addict », McDougall (1988)10 insiste sur le fait que celles-ci sont « créées » pour combattre des sentiments de perte d'identité et des états de « vide » : l'excitation sexuelle sert ici de contenant à toute menace de sentiment de perte de soi. De même, l'automutilation survient, pour certains auteurs, pour échapper à un sentiment de vide, de dépression, d'irréel (Brook, Cohen, Whiteman, Gordon, 1992)11. [...]
[...] Par ailleurs, concevoir les fantasmes comme l'expression psychique directe des pulsions pose un autre problème théorique, notamment en ne faisant aucune place au mécanisme de l'après-coup (Scarfone, 2016). Ainsi on obtient un tableau qui finit par contredire la conception freudienne spécifique de l'inconscient comme système vivant, non-structuré, doté d'une temporalité complexe et ?uvrant au sein d'un appareil psychique lui-même vivant et dynamique. Là encore, on peut trouver chez Freud lui-même une source possible de cette contradiction. Ainsi, dans son livre Métapsychologie de 19157, il décrit les fantasmes comme des « rejetons de l'inconscient », situés à l'interface des deux principaux systèmes de la première topique (Ics et Pcs-Cs). [...]
[...] BIBLIOGRAPHIE Brook, J. S., Cohen, P., Whiteman, M., & Gordon, A. S. (1992). Psychosocial risk factors in the transition from moderate to heavy use or abuse of drugs. Green, A. (1983). La mère morte. Narcissisme de vie, narcissisme de mort, 222-253 Green, A. (2018). Idées directrices pour une psychanalyse contemporaine: méconnaissance et reconnaissance de l'inconscient. Presses universitaires de France. [...]
[...] Cet effort de vivacité de réfléxions et d'intérêt à porter à ces notions reste très actuelle, comme le souligne Scarfone D. (2016)3 : « Nous croyons, par conséquent, que pour maintenir vivante une approche rigoureuse du fantasme en tant que réalité psychique, il faut un effort constant afin d'éviter de retomber dans les dualités banales interne/externe, subjectif/objectif, fantasme/réalité. Autrement dit, il faut constamment veiller à ne pas perdre de vue que la réalité psychique n'est pas une simple « réalité subjective ». Ce que nous rappel cet auteur donc, c'est que le fantasme est une notion vivante et en mouvement, qu'il convient d'accueillir dans son entière richesse, tout en restant vigilant à ne pas tomber dans des considérations dualistes, ce qui appauvrirait la compréhension de ces mouvements psychiques. [...]
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