Jean Guidoni, Pierre Philippe, chanson française, Le Rouge et le Rose, solitude, quête d'identité, révolte, rock
Jean Guidoni n'est pas un chanteur comme les autres. Il est de ceux qui, dès les premières notes, dérangent, bousculent, émeuvent. Depuis ses débuts dans les années 1970, il a tracé une voie singulière, loin des sentiers battus de la chanson française. À travers ses disques et ses écrits, il a exploré les zones d'ombre de l'âme humaine, les marges de la société, les désirs inavoués. Son oeuvre est une plongée dans l'intime, le politique, le poétique.
Né en 1952 à Toulon, Jean Guidoni découvre très tôt le pouvoir des mots et de la musique. Après des débuts modestes, il rencontre le parolier Pierre Philippe, avec qui il entame une collaboration fructueuse. Ensemble, ils donnent naissance à des albums marquants, tels que Je marche dans les villes (1980), qui abordent des thèmes audacieux, comme l'homosexualité et le BDSM, ou Crime passionnel (1982), mis en musique par le compositeur argentin Astor Piazzolla.
Mais Jean Guidoni ne se contente pas de provoquer. Il cherche à comprendre, à ressentir, à exprimer.
[...] Guidoni chante le vide, l'ogre, la mère morte. La musique est pop, parfois rock, parfois murmure. Il ose. Il s'amuse. « Je veux chanter sur le Titanic » résume son ironie désabusée. La Pointe Rouge (2007) confirme ce virage. Avec Dominique Katerine, Jeanne Cherhal, il se mêle à la nouvelle scène. « Cloaca maxima » en duo avec Dominique A est une réussite. Guidoni chante son âge, son corps, ses fantômes avec une voix plus grave, plus juste. Hommages et nouveaux territoires (2008-2017) Étranges étrangers (2008) rend hommage à Prévert. [...]
[...] Cours de chant. Maquette. Michel Legrand est séduit. Une voix est née. Premiers pas dans la lumière (1975-1978) Ses premiers 45 tours - « La Leçon d'amour », « Marie-Valentine » - flirtent avec la variété traditionnelle. La voix est chaude, vibrante, mais l'univers est encore convenu. Son premier album (1977) contient « Le Têtard », écrit par Jacques Lanzmann. Le ton reste sage, mais une tension se devine. La scène, en revanche, est déjà autre chose. Guidoni impressionne par sa présence, sa diction, son intensité. [...]
[...] Ce livre a voulu offrir une lecture sensible, rigoureuse et respectueuse de cette ?uvre protéiforme, pour éclairer ceux qui la connaissent, pour inviter ceux qui la découvrent à plonger dans cet univers où la beauté et la douleur se mêlent dans une danse toujours recommencée. Jean Guidoni nous rappelle que l'art est une aventure intime et collective, un chemin d'exploration sans fin, où chaque voix, même celle qui semble la plus fragile, peut devenir un cri puissant et un chant d'espoir. [...]
[...] Guidoni ne chante plus : il incarne. Crime passionnel (1982) : chef-d'?uvre total Avec Crime passionnel, l'opéra pour un homme seul composé par Astor Piazzolla, l'ambition devient lyrique. Douze titres, un long texte récité : « La machine à souffrir ». C'est un huis clos mental. Le chant se fait obsession. Les orchestrations sont signées Raymond Alessandrini. Piazzolla, après avoir réécrit toute la partition, y injecte son tango nouveau, dramatique, charnel. Parmi les titres marquants : « Masque noir », « Fleurs fanées », « Lames », « Qui crie ? ». On y entend l'homme, l'amant, le criminel, le survivant. [...]
[...] Le corps de Guidoni devient langage. La critique est divisée, mais le public est au rendez-vous. Le rouge, le rose, et le rock (1983-1985) Le Rouge et le Rose (1983) décline deux registres : la politique et le sexe. « Rouge » déploie une ironie marxiste grinçante. « Le Bon Berger » détourne l'hymne pétainiste. Mais le disque est aussi baroque, drôle, étrange : « Smoking blanc », « L'amour monstre », « Grand-mère fait du strip-tease ». Carlos d'Alessio signe plusieurs musiques. Guidoni explore la théâtralité de l'absurde. Avec Putains? (1985), il plonge dans le rock. [...]
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