Il a publié en 1964 une autobiographie intitulée, précisément,
[...] PROBLÉMATIQUE POSÉE PAR LE SUJET Sartre oppose prose et poésie autour du même verbe "servir", pris sous deux acceptions différentes. La prose "se sert" des mots, c'est-à-dire qu'elle en fait des instruments pour dire la réalité, la décrire, l'expliquer, la communiquer. Au contraire, la poésie "sert" les mots, c'est- à-dire qu'elle est à leur service. Pour quoi faire ? Là est toute la question. Compte-tenu de tout ce qui précède, on peut penser que Sartre, en disant cela, se situe dans le sillage de Rimbaud, Mallarmé, Breton pour recueillir leur héritage et le porter plus loin. III. [...]
[...] Comment ? Le philosophe décrit longuement l'itinéraire particulier du poète allant du monde aux mots : "Au lieu de connaître d'abord les choses par leur nom, il semble que le poète ait d'abord un contact silencieux avec elles puis que, se retournant vers cette autre espèce de choses que sont pour lui les mots, les touchant, les tâtant, les palpant, il découvre en eux une petite luminosité propre et des affinités particulières avec la terre, le ciel et l'eau et toutes les choses créées. [...]
[...] On est proche de ce que Sartre déclare, à peine un siècle plus tard et après deux guerres mondiales, à savoir que "la poésie ne se sert pas des mots", ce sont les mots qui la servent. Ils la servent car ils "ont l'initiative" : c'est par eux que tout commence. La confrontation de toutes ces déclarations et leur situation dans l'évolution de leurs contextes historiques permet de mieux les comprendre et d'évaluer toutes les implications du sujet proposé. II. [...]
[...] Il a publié en 1964 une autobiographie intitulée, précisément, LES MOTS. Son projet y était de revenir sur l'enfance petite-bourgeoise qui l'avait "programmé" pour se servir des mots comme des objets familiers à sa disposition depuis toujours, alors que les mots, après les deux cataclysmes successifs des guerres mondiales de 14-18 et 39-45, se trouvaient proprement vidés de leurs significations habituelles. Ce qu'on avait connu - tranchées, gaz asphyxiants, bombardements des civils, camps de concentration, explosions atomiques- aucun mot n'existait pour le désigner car on n'avait jamais connu ce genre de guerres. [...]
[...] Telle est aux yeux de Sartre, la spécificité de la poésie. Elle aussi, comme la peinture, ne démontre rien et ne relève pas des significations, même si elle utilise des mots à la place de couleurs et de traits."La poésie est du côté de la peinture, de la sculpture, de la musique Les poètes sont des hommes qui refusent d'utiliser le langage,." En effet, l'usage le plus courant du langage est de signifier, raconter, donner à comprendre. Le tour de force accompli par le poète sur les mots tient à ce qu'il parvient à leur retirer ce pouvoir premier de signifier pour les rendre à leur opacité, et les utiliser comme les couleurs du peintre. [...]
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