Bernard Le Bovier de Fontenelle, écrivain discret, mais fondamental, vécut cent ans, comme s'il s'était donné pour mission de relier deux mondes. Né en 1657, au coeur du règne de Louis XIV, et mort en 1757, à l'orée de l'encyclopédie et des révolutions intellectuelles, Fontenelle semble être l'archétype même du trait d'union entre deux grandes périodes : le classicisme, empreint d'ordre et de mesure, et les Lumières, éclatantes d'esprit critique et d'appétit de savoir.
Dans quelle mesure peut-on considérer Fontenelle comme un écrivain à la croisée de ces deux courants ? Comment son oeuvre hérite-t-elle du classicisme tout en préparant l'avènement des Lumières ?
[...] Fontenelle incarne avec élégance ce moment charnière où le classicisme s'efface lentement devant la lumière nouvelle du XVIIIe siècle. Il est le témoin d'un glissement subtil, non d'une rupture brutale. À la fois héritier d'un siècle d'ordre et d'harmonie, et annonciateur d'un siècle de doutes et d'émancipation, il occupe une place singulière dans l'histoire littéraire : celle du médiateur, du passeur, du précurseur silencieux. Sa plume, tout en douceur, aura préparé les grandes secousses intellectuelles à venir. Et peut-être est-ce là la plus belle forme de lumière : celle qui n'éblouit pas, mais éclaire doucement les esprits, pour les conduire hors de l'ombre de l'ignorance. [...]
[...] Dans Histoire des oracles, il remet en cause l'origine divine des discours prophétiques antiques, et suggère - prudemment - que nombre de croyances religieuses pourraient être analysées rationnellement. S'il reste mesuré, sans attaque frontale contre l'Église, cette attitude sceptique est déjà celle qui nourrira les réflexions plus audacieuses d'un Voltaire ou d'un Diderot. Enfin, Fontenelle incarne l'idéal des Lumières par sa foi dans le progrès scientifique. Il voit dans la science une voie d'émancipation, une clef pour comprendre l'univers, et une arme contre les superstitions. [...]
[...] Là où d'autres pousseront cette raison jusqu'à la critique des dogmes, lui s'en sert avant tout pour rendre le monde intelligible, fidèle à une vision modérée et mesurée, propre à son siècle d'origine. Mais si Fontenelle parle la langue du classicisme, il en dépasse rapidement les limites, annonçant par bien des aspects les grands thèmes du siècle des Lumières. Tout d'abord, sa démarche est profondément novatrice par son objectif de vulgarisation. Là où les érudits du Grand Siècle s'adressaient à une élite savante, Fontenelle ambitionne d'éclairer un public plus large. [...]
[...] Il est à la fois le dernier des classiques et le premier des philosophes. Par son style, sa modération et sa recherche de perfection formelle, il appartient pleinement au XVIIe siècle. Mais par ses idées, sa méthode et son ouverture à un nouveau public, il annonce avec vingt ou trente ans d'avance l'esprit des Lumières. Fontenelle est un homme de transition, et c'est sans doute ce qui rend son ?uvre précieuse. Là où d'autres se sont jetés dans la bataille des idées avec fracas, lui prépare le terrain, adoucit les résistances, instille le doute avec courtoisie. [...]
[...] En quoi Bernard de Fontenelle incarne-t-il à la fois l'héritage du classicisme et les prémices du mouvement des Lumières ? À l'aube du XVIIIe siècle, une étrange silhouette traverse les siècles : celle de Bernard Le Bovier de Fontenelle, écrivain discret, mais fondamental, qui vécut cent ans, comme s'il s'était donné pour mission de relier deux mondes. Né en 1657, au c?ur du règne de Louis XIV, et mort en 1757, à l'orée de l'encyclopédie et des révolutions intellectuelles, Fontenelle semble être l'archétype même du trait d'union entre deux grandes périodes : le classicisme, empreint d'ordre et de mesure, et les Lumières, éclatantes d'esprit critique et d'appétit de savoir. [...]
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