Est-il possible, à travers une oeuvre littéraire, de retranscrire la vérité telle quelle ou bien ne peut-on considérer que l'oeuvre tient nécessairement de la fiction dès lors qu'il s'agit d'une mise en mots d'une expérience vécue, nécessairement subjective ?

Thèmes abordés

Vérité, mensonge, témoignage, Yannick Haenel, Jan Karski, Récits de la Kolyma, Le Système périodique, Guerre, Varlam Chalamov, Primo Levi, Céline, imagination, réalité, fiction

Résumé du document

Le rapport entre la littérature et la vérité est un sujet qui n'a cessé de provoquer la réflexion chez un grand nombre d'étudiants et d'intellectuels. Certains auteurs, souvent parce qu'ils avaient vécu des événements que l'on pourrait qualifier d'historiques, parce qu'ils avaient participé à des moments importants, graves de l'Histoire, se sont livrés à cet exercice littéraire que l'on nomme « témoignage ». Le thème qui guide notre étude est « vérité ou mensonge du témoignage ». [...]
Notre étude portera sur Jan Karski de Yannick Haenel, Guerre de Céline, Le Système périodique de Primo Lévi et Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov.

Extraits

[...] Un style « nu » pour dire la vérité telle quelle dans Le Système périodique De la même manière que pour son ?uvre probablement la plus célèbre Si c'est un homme Primo Lévi a opté pour un style direct et sans afféteries de style pour Le Système périodique, c'est une manière pour lui de retranscrire la vérité telle qu'il l'a vécu, la vérité de l'atrocité de la Deuxième Guerre mondiale. C'est donc à travers un style qui ne déborde pas de figures de style, de « fleurs de rhétorique » que l'auteur prétend pouvoir parvenir à une vérité du témoignage. [...]

[...] II - Mensonge du témoignage Dans cette autre perspective, le témoignage se présente plutôt comme relevant du mensonge, nous dirons de la fiction, à la différence d'une prétendue vérité objective. A. La littérature tient nécessairement du mensonge, Guerre de Céline Comme l'explique le théoricien de la littérature Roland Barthes, la littérature ne peut techniquement pas dire le réel en trois dimensions dans un texte écrit qui n'en contient que deux et c'est bien ce que nous pouvons constater avec l'?uvre de Céline dans la mesure où son style est profondément littéraire et clairement du côté de la fiction même si l'on retrouve des éléments biographiques. [...]

[...] Un témoignage qui s'inscrit dans la perspective d'une vraie expérience pour Yannick Haenel Dans le premier chapitre de son ouvrage Jan Karski, Yannick Haenel s'inspire de sa collaboration avec le cinéaste Claude Lanzman pour écrire le premier chapitre. S'il n'a pas vécu la guerre directement, il s'inspire de personnes qui ont véritablement vécu ces heures les plus sombres de l'Histoire de l'humanité. On peut constater que l'auteur se sert de son expérience personnelle : « C'est dans Shoah de Claude Lanzmann. [...]

[...] Il fut tué d'une décharge de mitraillette dans la nuque par un monstrueux bourreau-enfant, un de ces misérables sicaires de quinze ans que la république de Salo avait recrutés dans les maisons de correction. Son corps resta longtemps abandonné au milieu de l'avenue, car les fascistes avaient interdit à la population de lui donner une sépulture ». Comme nous pouvons le constater dans cet extrait, le style est très formel, prosaïque. L'auteur donne des informations telles quelles sans surcharger son expression d'un grand nombre de figures de style. [...]

[...] Est-il possible, à travers une ?uvre littéraire, de retranscrire la vérité telle quelle ou bien ne peut-on considérer que l'?uvre tient nécessairement de la fiction dès lors qu'il s'agit d'une mise en mots d'une expérience vécue, nécessairement subjective ? Le rapport entre la littérature et la vérité est un sujet qui n'a cessé de provoquer la réflexion chez un grand nombre d'étudiants et d'intellectuels. Certains auteurs, souvent parce qu'ils avaient vécu des événements que l'on pourrait qualifier d'historiques, parce qu'ils avaient participé à des moments importants, graves de l'Histoire, se sont livrés à cet exercice littéraire que l'on nomme « témoignage ». [...]