L’homme est fait pour être libre, et pour Rousseau, cette liberté ne doit pas être comparée à un luxe ou à un privilège ; cette liberté fait partie intégrante de l’être humain. C’est de ce qui fait de lui un être doté d’une morale, un être responsable, un être digne. Du contrat social est une œuvre majeure, qui met en avant des idées modernes, celle notamment de la liberté sans conditions, celle de l’humanité telle que la définit Rousseau. Ce dernier est contre toute forme de soumission, cet extrait en est l’illustration parfaite. Pour lui, une quelconque soumission à un pouvoir, peu importe lequel, est une contradiction absolue. 

Dans cette explication de texte, nous étudierons le texte d’un point de vue linéaire dans une première partie. Dans une seconde partie, nous analyserons les enjeux philosophiques de cet extrait. Enfin, nous mettrons en avant l’idée d’une politique qui serait fondée selon l’auteur sur une volonté générale. 

 

1. L’analyse du texte d’un point de vue linéaire  

Rousseau évoque plusieurs points de vue dans cet extrait. 

« Renoncer à sa qualité d’homme, c’est renoncer à sa liberté ». Dès la première phrase, Rousseau évoque quelque chose de radical. Le postulat philosophique qui en découle est que l’homme est libre par nature. Rousseau est contre toute forme de hiérarchie, l’homme est différent de l’animal. 

Plus loin, on retrouve « aux droits de l’humanité ». Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à être un humain. Rousseau critique ici les régimes autoritaires. 

Il rajoute « même à ses devoirs ». Rousseau explique qu’une action qui est contrainte par un tiers n’a pas de valeur morale. 

On retrouve ensuite dans le texte « il n’y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout ». Rousseau insiste sur le fait qu’il n’existe aucun avantage à perdre sa liberté ; la liberté ne se marchande pas. 

« Un tel renoncement est incompatible avec la nature de l’homme », Rousseau renforce son idée de départ. Un homme cesse d’être un homme s’il n’est pas libre. 

Enfin, « ôter toute liberté à sa volonté, c’est ôter toute moralité à ses actions ». Rousseau résume tout ceci d’un point de vue plus éthique. La moralité ne peut être dissoute de la liberté. L’homme doit pouvoir choisir sa vie. Un homme aliéné n’a pas de morale, il ne peut être jugé coupable. 

 

2. Étude de l’extrait d’un point de vue philosophique 

L’importance de la liberté dans l’extrait et dans l’œuvre en général

Pour Rousseau, la liberté est indissociable de la nature humaine. L’homme est ainsi représenté comme un être bon, qui ne peut être corrompu que par une société elle-même corrompue. La liberté est un droit, une donnée de base. Pour Rousseau, la société et les gouvernements d’une manière générale, doivent respecter cette liberté. D’où la manière de percevoir le contrat social : les hommes ne doivent pas renoncer à leur liberté, mais faire en sorte qu’elle repose sur une volonté commune dont ils sont eux-mêmes les auteurs. 

 

La servitude volontaire fortement critiquée par l’auteur 

Pour d’autres auteurs comme Hobbes, la soumission se justifie comme un besoin de sécurité. Rousseau rejette l’idée qu’un homme se soumette à un autre, ou à une idéologie, car cela est contradictoire également au niveau philosophique. Renoncer à sa liberté, c’est se renier soi-même, à la fois en tant que sujet politique, mais également en tant que sujet moral. Il s’agit de ce que l’on appelle en philosophie du « paradoxe de la servitude volontaire ». 

 

La moralité et son lien avec la liberté 

Nous l’aurons compris, la liberté pour Rousseau n’est pas uniquement un droit politique. Pour l’auteur, il est impossible de séparer les deux notions que sont la liberté et la moralité, puisque pour qu’un être puisse faire preuve d’un sens moral, il doit absolument être libre. 

Plus tard, cette idée est remise au goût du jour par Kant, qui établit un lien entre moralité et autonomie. A ce titre, Rousseau a longtemps été perçu comme un précurseur, car il met en avant le fait qu’il n’y a que les hommes libres qui sont capables de faire preuve de moralité. 

Lorsque quelqu’un impose quelque chose a quelqu’un d’autre, cette forme d’action ne possède aucune valeur éthique. Il n’y aurait aucune forme de vertu au sein d’une société qui asservit les hommes. Rousseau part du principe que la liberté n’est en aucun cas contraire à la loi, mais qu’il ne peut exister de loi sans liberté. 

 

3. Liberté politique et volonté générale

L’explication du contrat social

Toutefois, il est à noter que Rousseau ne se positionne pas contre toutes les formes d’autorité qui existent. Il met en avant le fait que pour qu’une forme d’autorité soit possible, celle-ci doit émaner des hommes, et plus particulièrement d’une volonté générale. Il parle à cet effet de consentement citoyen, et c’est aussi en cela qu’il apparait à l’époque comme étant un visionnaire. Le contrat social doit permettre de se lier à ses semblables pour que des lois puissent être établies grâce à la volonté de tous. 

La liberté et l’égalité 

Pour Rousseau, liberté et égalité sont inséparables. Tout le monde doit être pris en compte dans la mise en avant de la volonté générale, car si certaines personnes en sont exclues, alors elles ne peuvent être considérées comme étant totalement libres. Si un homme exerce une domination d’ordre politique ou autre sur un autre homme, alors cela devient contraire à la liberté politique. Rousseau met déjà en place un idéal démocratique, qui va très largement inspirer la Révolution française. 

 

Les limites à la pensée de Rousseau 

Rousseau possède une vision très stricte de la liberté, cela pouvant donner une forme de totalitarisme. Il souhaite surtout définir dans son contrat social un idéal qui soit partagée par tous. La vraie liberté, c’est faire et vouloir ce qui est juste, et ne pas faire ce que l’on veut. 

 

Conclusion

L’extrait étudié est donc une vision extrême de la liberté. Rousseau associe liberté et moralité et enfin citoyenneté. Renoncer à sa liberté est pour l’auteur du contrat social une perte de dignité et de son statut d’être humain. 

Aujourd’hui encore, Du contrat social de Rousseau est étudié dans les lycées et universités, et ce, dans plusieurs filières. Les débats sont encore présents, notamment sur la nature même de la liberté, mais aussi sur les limites que présentent les pouvoirs du gouvernement face à cette quête identitaire de liberté.

 

https://www.les-philosophes.fr/rousseau/du-contrat-social.html

https://essentiels.bnf.fr/fr/article/937f8800-d27d-4c8c-8ae3-36c29cf9338d-contrat-social

https://www.superprof.fr/ressources/francais/francais-tous-niveaux/essai-philosophique-rousseau.html#:~:text=Dans%20Du%20contrat%20social%2C%20Rousseau,l'ensemble%20exhaustif%20des%20citoyens.