La défense antimissile - publié le 03/10/2008

Résumé du document

Fiche de relations internationales, questions internationales en PREP ENA: La défense antimissile



Depuis 1814, le territoire américain n'a connu que trois agressions : le sac de Washington en 1814, Pearl Harbor en 1941 et les attaques du 11 septembre. Il n'est donc pas surprenant que l'idée d'invulnérabilité soit si présente dans la pensée stratégique américaine. L'impact technologique mais surtout psychologique du Spoutnik de 1957 a fait du missile balistique le pire ennemi de cette invulnérabilité. Et la dissuasion nucléaire qui équivaut à une vulnérabilité réciproque n'a pas modifié l'opinion américaine : rétablir le bouclier est primordial. Cette culture historique combinée à l'évolution des relations stratégiques après 1945 permet alors de comprendre premièrement que la logique de défense antimissile est spécifiquement américaine ; deuxièmement, qu'elle occupe une place de choix dans le débat stratégique du fait du poids américain.

Extraits

[...] La date du 13 juin 2002 marque ce retrait officiel (préavis légal de 6 mois), et va devenir une date clé dans la politique de défense des Etats-Unis. Les oppositions internationales. L'opposition la plus forte émana de la Russie qui refuse toute violation majeure au traité ABM de 1972. La Russie s'inquiète surtout de la dégradation de son dispositif stratégique. La contre-proposition russe fut une défense de théâtre au niveau européen avec interception en phase de propulsion. L'OTAN l'a rejetée. Opposition de la Chine ensuite pour laquelle la NMD pose un double problème stratégique : un avec les Etats-Unis, l'autre avec Taiwan. [...]

[...] Paradoxalement, l'accession au pouvoir de G. W. Bush et donc la mise en place de projets plus ambitieux, s'accompagne d'une réaction française plus nuancée, peut être parce que le projet américain reste théorique et vague à l'heure actuelle, même si la sortie du traité inquiète la France. Il existe donc deux orientations françaises aujourd'hui : Lutter contre la prolifération balistique, dans le cadre du régime de contrôle de la technologie des missiles et de l'Union européenne qui adopte à Göteborg en juin 2001 une déclaration sur la prévention. [...]

[...] Le traité ABM ne porte pas sur la défense, mais sur la reconnaissance mutuelle de l'impossibilité de la défense et la reconnaissance d'un équilibre stratégique fondé sur le risque d'une destruction mutuelle assurée. C'est un acte stratégique de reconnaissance d'un ordre stratégique, désagréable, dangereux mais objectivement réel et efficace. Il limite ainsi à deux sites les zones de déploiement de missiles antimissiles. Le traité ABM apaise donc le débat stratégique sur la défense antimissile La guerre des étoiles du président Reagan. L'IDS ( initiative de défense stratégique) ne tarde pas à tendre violemment le débat puisque, selon Reagan, elle devait rendre les armes nucléaires impuissantes et obsolètes à l'horizon 2000. [...]

[...] D'où la relance de programmes antimissiles de théâtre : Standard M III, THAADS. Les essais sont décevants alors que les Patriots améliorés donnent plus de résultats. Cette défense de théâtre éclipse alors partiellement la défense antimissile au sens américain du terme. On retiendra quatre éléments : - Seule l'URSS a effectivement déployé dans la durée un système antimissile ( Galosh - Historiquement, les débats sur les défenses antimissiles ont été intimement liés aux débats américains sur la dissuasion - Les sommes engagées sont considérables : plus de 60 milliards de dollars depuis 1960 pour la seule défense du territoire américain. [...]

[...] La question de la pertinence de la MD se pose aussi en termes d'alliances. Les alliés des Etats-Unis devront certainement participer au projet qui constituerait une protection globale car Washington ne veut pas créer de différentiels de protection susceptibles de faciliter le chantage. Emerge alors le problème épineux de l'autonomie stratégique. La MD est donc source de tensions au sein de alliances américaines. Mais l'hostilité la plus forte envers la MD concerne les questions de désarmement et l'articulation avec la dissuasion. [...]