Toxicomanie, approche plus humaine, lutte contre les drogues, consommation de drogues, sevrage, services sanitaires, sociaux, aide personnalisée, CARRUD centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques,
Au regard de l'inefficacité des stratégies actuelles de lutte contre les drogues, majoritairement répressives et pénales, il convient d'adopter une approche plus humaine et adaptée à l'échelle de chaque ville, afin de mettre progressivement un terme à la marginalisation et la stigmatisation des consommateurs à risque. Cette approche marque une rupture avec l'idéologie moralisatrice, autrefois prédominante selon laquelle les usagers sont responsables de leur situation et ne peuvent être aidés que par des mesures coercitives, fondées sur l'interdit strict de la consommation et le sevrage intégral une fois la prise en charge médicale amorcée. Cependant, l'émergence dans le tissu urbain de scène ouverte d'usage de drogue et la misère sociale et sanitaire de laquelle certains consommateurs à risque ne parviennent pas à s'extirper ont renforcé l'urgence d'une évolution des dispositifs mis en uvre, à l'échelle de la ville.
[...] Le constat d'une efficacité des politiques de lutte contre les drogues met en exergue un consensus selon lequel « les sociétés sans drogue n'existent pas, mais il appartient aux sociétés modernes de protéger les hommes des dommages causés par les drogues, à eux- mêmes et à autrui »[3]. III. Le regard que porte la collectivité face à cette population marginalisée À l'échelle de la ville, l'un des défis majeurs, dans l'objectif d'amorcer une approche plus humaine à l'égard des consommateurs à risque, reste également l'évolution du regard que porte la collectivité face à cette population marginalisée. [...]
[...] C'est essentiellement, en alliant les associations de proximité et le soutien des populations urbaines que peut s'effectuer efficacement la prise en charge et la réinsertion sociale et professionnelle des consommateurs les plus marginalisés. De nombreuses initiatives sont mises en place afin de sensibiliser l'opinion publique : nous analyserons plus particulièrement le projet d'exposition photographique itinérante « Rosanna, Astrid, Pierre et les autres » retracé dans l'article « Exposer les toxicomanes » de Thomas Bujon et Loïc Etiembre. Ce projet initié par l'association « Réseau contact » et le photographe Michael von Graffenried en 2005, expose une série de photographies illustrant le quotidien des usagers de drogue dans le centre-ville de Zurich puis au sein même du Musée national Suisse. [...]
[...] Donner aux politiques publiques la mission de protéger les individus des dommages liés à la consommation de drogue permet d'allier les intérêts individuels et collectifs dans une démarche pragmatique de proximité. Il s'agit, dès lors, de mettre à la disposition des consommateurs du matériel d'injection stérile, des doses de substitutions et de faciliter l'accès aux services sanitaires, sociaux et de première nécessité. Bien que la mise en place des expérimentations de réduction des risques remonte aux années 80, le débat sur la possibilité d'innover dans ce domaine réapparaît sur la toile politique à travers l'ouverture de salles de consommation à risque contrôlé — dites « salles de shoot ». [...]
[...] En se fondant dans la ville, cette exposition permet, de transgresser à une indifférence radicale à l'égard des plus démunis pour enclencher une approche de cohabitation, voire de proximité plus humaine et solidaire. Cependant, si les actions des associations de proximité tentent d'inclure, de soutenir et d'aider les plus vulnérables, ces mesures sont entravées, à l'échelle individuelle, par la peur, le rejet et la méfiance que ressentent à la fois les riverains et les usagers. Ainsi, l'exposition itinérante, que nous avons étudiée précédemment, met en exergue l'indifférence et l'évitement des passants qui s'accordent le « droit de ne pas voir ». [...]
[...] Cette prise en charge, au prisme de la santé publique, constitue une véritable avancée en matière de progression des politiques vers une approche plus humaine de compréhension, d'écoute et d'aide personnalisée. En outre, la politique de réduction des risques est d'autant plus efficace qu'elle s'effectue à l'échelle de la ville, à proximité des individus les plus précaires afin que les mesures mises en œuvre soient les plus adaptées aux profils, aux besoins et aux modes de vie des consommateurs. Il apparaît, dès lors, incontestable qu'aucune prise en charge efficace ne pourra s'établir à l'égard d'usagers errants sans domicile fixe, échappant aux regards des intervenants locaux. [...]
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