Marivaux, "Les fausses Confidences", Acte II scène 13 - publié le 16/06/2009

Résumé du document

Le théâtre, né au Vème siècle avant J-C en Grèce a souvent été le synonyme de drames et de tragédies. Près de 23 siècles plus tard, en 1737, Marivaux reprend un de ces registres (le dramatique) et le combine à la comédie dans Les Fausses Confidences. Dans l'acte II scène 13, il mène habilement ces deux registres pour faire de l'écriture de la réponse de la demande en mariage du comte un moment à la fois tragique et comique (...)

Extraits

[...] Mais comment Marivaux réussit-il à faire de cette scène un moment à la fois dramatique et comique ? I. Une scène dramatique Cette scène des Fausses Confidences est une scène dramatique car Araminte met les sentiments que Dorante a pour elle à rude épreuve. Araminte sait qu'il a un amour caché pour elle et n'hésite pas à jouer avec sa sensibilité pour vérifier que son amour est fort et puissant. Dorante est abattu par l'annonce que lui fait Araminte : le fait qu'elle accepte ce mariage lui enlève tout espoir d'obtenir un jour, son amour. [...]

[...] ARAMINTE Oui, tout à fait résolue. Le Comte croira que VOUS y avez contribué ; je le lui dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici ; je vous le promets. part.) Il change de couleur. DORANTE Quelle différence pour moi, Madame ! ARAMINTE, d'un air délibéré Il n'y en aura aucune, ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter ; il y a tout ce qu'il faut sur cette table. DORANTE Et pour qui, Madame ? [...]

[...] Conclusion Marivaux a donc choisi de mêler les registres dramatiques et comiques ce qui adoucit le caractère dramatique de cette scène, et le rend moins pesant. Cependant il ne faut pas que le comique prenne le dessus sur le drame comme dans Ubu Roi d'Alfred Jarry où le drame est de moins en moins crédible à mesure qu'on avance dans l'intrigue. Texte : MARIVAUX, Les Fausses Confidences, acte II, scène 13 (1737) ARAMINTE Toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte. [...]

[...] En voilà devant vous. DORANTE Il est vrai. ARAMINTE Écrivez. Hâtez-vous de venir, Monsieur ; votre mariage est sûr . Avez-vous écrit . DORANTE Comment, Madame ? ARAMINTE Vous ne m'écoutez donc pas ? Votre mariage est sûr ; Madame veut que je vous l'écrive, et vous attend pour vous le dire. part.) Il souffre, mais il ne dit mot - est-ce qu'il ne parlera pas ? N'attribuez point cette résolution à la crainte que Madame pourrait avoir des suites d'un procès douteux. [...]

[...] si subitement ! cela est singulier. Pliez la lettre et mettez : A Monsieur le comte Dorimont. Vous direz à Dubois qu'il la lui porte. part.) Le cœur me bat ! Dorante.) Voilà qui est écrit tout de travers ! Cette adresse-là n'est presque pas lisible. part.) Il n'y a pas encore là de quoi le convaincre. DORANTE, à part Ne serait-ce point aussi pour m'éprouver ? Dubois ne m'a averti de rien. [...]