Jean Anouilh, dans Antigone, fait s'exprimer le Ch?ur de la manière suivante : Dans quelle mesure cette célèbre définition de la tragédie s'applique-t-elle à la Machine Infernale de Jean Cocteau ? 8 pages
Le Ch?ur ? « C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir (?) et qu'on n'a plus qu'à crier (?) à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on avait jamais dit et qu'on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien, pour se le dire à soi. Dans le drame, on se débat parce qu'on espère s'en sortir. C'est ignoble, c'est utilitaire. Là c'est gratuit, c'est pour les rois. »
[...] PECQUEUR Pour le mardi 10 mars 2009 Observations Sujet de dissertation : Jean Anouilh, dans Antigone, fait s'exprimer le Chœur de la manière suivante : Le Chœur C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ( ) et qu'on n'a plus qu'à crier ( ) à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on avait jamais dit et qu'on ne savait peut- être même pas encore. Et pour rien, pour se le dire à soi. Dans le drame, on se débat parce qu'on espère s'en sortir. C'est ignoble, c'est utilitaire. Là c'est gratuit, c'est pour les rois. [...]
[...] Dans quelle mesure cette célèbre définition de la tragédie s'applique-t- elle à la Machine Infernale de Jean Cocteau ? Durant la première moitié du siècle, la réécriture des mythes antiques fut pour de nombreux dramaturges le moyen de les dépoussiérer mais surtout de profiter de leur intemporalité pour les mettre au diapason de l'actualité, et cela dans le but de dénoncer les bouleversements que connaît l'époque. En effet, c'est dans le contexte de la montée des totalitarismes en Europe que des auteurs comme Bertolt Brecht, Jean Giraudoux ou encore Jean Anouilh et Jean Cocteau font de la littérature une intense réflexion sur le monde, ses nouveaux maîtres et leurs esclaves. [...]
[...] Parce que la noblesse de la tragédie tient dans le fait qu'elle prend une part de l'homme pour en faire un tout en la transcendant, il semble nécessaire que cette part exprimée soit celle du roi qui réside au fond de chaque homme : il convient alors que la tragédie ne soit pas donnée par le peuple et pour les rois c'est-à-dire pour ceux qui voudraient la pervertir en l'édifiant comme genre élitiste, mais il covient qu'elle soit donnée pour le peuple, en tant qu'unité, par les rois en nous-mêmes, ceux que la tragédie nous invite à transcender. C'est probablement ce que Jean Cocteau laisse imaginer au lecteur à la fin de sa pièce en opposant le scepticisme de Créon, le nouveau roi, à l'omniscience de Tirésias (celui-ci a enfin retrouvé sa sagesse) : Le devoir ! Ils ne t'appartiennent plus ; ils ne relèvent plus de ta puissance. Créon : - A qui appartiendraient-ils ? [...]
[...] Celle-ci aurait-elle autre vocation que celle du seul spectacle ? Nous savons depuis les études de Freud et l'émergence de la psychanalyse que le mythe d'Œdipe nous livre une vérité sur l'homme : le concept théorique du complexe d'Œdipe se définit, selon Freud, comme un comportement singulier et essentiel chez l'enfant ; celui-ci serait plus attiré par le parent de sexe opposé que par le parent du même sexe. L'adaptation du mythe dans la Machine Infernale nous laisse penser à un Cocteau intéressé et sensible aux avancées de la psychanalyse ; en effet, à l'acte III, intitulé la Nuit de noces les indices sont nombreux, venant notamment de la bouche d'Œdipe, encore dans le vague après un rêve : Ma petite mère chérie ( ) ma petite mère ( ) tu es bonne C'est alors l'inconscient du héros qui s'exprime, et nous rappelle nos propres rêves souvent lourds de sens Plus largement, nous pouvons dire que la pièce nous offre directement une image de la condition humaine : toute tragédie, et plus spécialement la Machine Infernale met en scène une vie humaine avec ses ratés, fautes, contingences qui entraînent le malheur. [...]
[...] Avec son écharpe rouge, Jocaste se pend. Avec la broche d'or de la femme pendue, Œdipe se crève les yeux Bien entendu, le spectateur le savait déjà : il n'y a plus d'espoir avant même que la pièce commence. La fin est dans le commencement, et pourtant, on continue écrit Beckett : le spectateur est prévenu, les dieux peuvent maintenant déchaîner leurs foudres avec toute la violence qu'ils veulent, le spectateur sait à quoi s'attendre. Cocteau a pu écrire, dans un prologue à la Machine Infernale qu'il inclut dans sa version d'Œdipe Roi : ce n'est pas une pièce de théâtre que vous allez voir. [...]
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