Guillaume Pinson, Jules de Goncourt, Edmond de Goncourt, Charles Demailly, Balzac, Illusions perdues, Les Rougon-Macquart, Zola, personnage romanesque, naturalisme, journalisme
Guillaume Pinson analyse ainsi le parcours des personnages romanesques d'écrivains journalistes au XIXe siècle : « la vocation est généralement incompatible avec le journalisme, lequel n'est jamais en soi un motif d'attraire suffisamment fort pour susciter quelque chose comme une "mystique" de l'écriture périodique... par opposition, cela laisse deviner le sentiment de sainte mission que ressent un homme de lettres ; autrement dit, pas de vocation sans les contraintes vulgaires et bassement matérielles contre lesquelles l'artiste ou l'écrivain doit s'affirmer ».
Le document traite ce sujet en se basant sur Illusions perdues de Balzac et Charles Demailly d'Edmond et Jules de Goncourt.
[...] Du reste, est-ce un hasard si cette génération d'écrivain du XIXe-XXe siècle soit également fortement impliquée dans le mouvement littéraire du naturalisme ? Zola, écrivain et journaliste, chef de file du naturalisme, est l'un des auteurs les plus lus et populaires en France. La lettre ouverte, publiée à l'occasion de l'Affaire Dreyfus, pourrait sensiblement s'inscrire dans la série des Rougon-Macquart, dénonçant l'antisémitisme et la corruption étatique de la IIIe République, de même que L'Assommoir dénonçait l'alcoolisme héréditaire et les affres inéluctables de la pauvreté. [...]
[...] C'est dépourvoir l'art d'une fonction didactique. Or, la littérature du XIXe siècle est surtout réputée pour les constats sociaux qu'elle pose : prenons l'exemple de Charles Demailly des frères Goncourt. Leur roman se pose fondamentalement comme une critique de la société, et plus largement de la perversion morale du monde des journalistes. Ainsi, le mysticisme dans l'écriture n'est pas recevable en tant que maxime universelle. La différence entre littérature et journalisme tient plutôt à la liberté de la première et aux contraintes de la seconde. [...]
[...] Mais l'opposition n'a pas toujours été aussi frontale, il semblerait que ce clivage prenne ses racines dans la professionnalisation du journalisme au cours du XXe siècle en France. Le statut du rédacteur s'est profondément transformé au cours du XXe siècle : l'homme de lettres laisse place au journaliste professionnel. Ainsi, de nombreux hommes -et femmes- de lettres entretenaient un contact étroit avec la presse, à l'image de Colette, Kessel, Proust, Camus ou encore Mauriac. Ainsi, la professionnalisation du statut de journaliste est responsable de ce clivage entre journaliste et homme de lettres. [...]
[...] Dijean, 2010). De plus, il est biaisé de considérer qu'un journaliste ne puisse se sentir animé par une « sainte mission ». Certes, ce dernier est confronté à des contraintes, mais ces contraintes sont-elles fondamentalement « vulgaires et bassement matérielles » ? Cela nous amène à questionner les contraintes auxquelles le journaliste fait face. La question de la place du sujet et du ton est principalement les plus grandes contraintes que rencontre un journaliste lors de son écriture. Le journaliste ne peut-il pas surpasser ces contraintes ? [...]
[...] que le journaliste, qui fait de l'écriture son gagne-pain, ne puisse être reconnu pour ses qualités littéraires ? Nombreux sont les exemples qui semblent contredire cette thèse. Ainsi, l'homme de lettres est-il nécessairement habité d'une mission sacrée dont l'écriture serait la traduction concrète ? Afin de répondre à cette problématique, nous proposons de nous placer du point de vue de G. Pinson et comprendre dans quelle mesure journalisme et littérature sont antagonistes. Puis, dans un second temps, nous étudierons les limites de la thèse énoncée par G. Pinson en rejetant l'aspect mystique du travail de l'écrivain. [...]
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