La fable la fille est issue du recueil Les Fables de Jean de La Fontaine (1621-1695), publiées à Paris de 1668 à 1693. Cette fable est extraite du Livre VII, dans lequel elle figure en quatrième position (variable selon les éditions). La fille fait partie intégrante du diptyque entamé avec la fable Le Héron. La moralité des deux récits est d'ailleurs commune, l'une est animale pour Le Héron : "... il fut tout heureux et tout aise / De rencontrer un limaçon.", et l'autre est humaine "Se trouvant à la fin de sa vie tout aise et tout heureuse/De rencontrer un malotru". Cette moralité assure l'unité et la cohérence de l'ensemble qui présente deux récits parallèles. On constate que la reprise de mêmes formules à la fin renforce la symétrie et on peut considérer que la moralité du Héron sert donc à la fois d'épilogue et de prologue à la Fille. La Fontaine s'adonne à une variation sur un même thème, d'autres fables doubles existent comme celle de la "mort et le malheureux et la mort et le bucheron" (livre 1). Mais ici si les deux "personnages" connaissent la même mésaventure qui présente les dangers du dénigrement et ses conséquences, la fille n'est toutefois pas une simple transposition sur le plan humain du "héron" mais plutôt une mise en perspective de la fable animale en un petit conte.
La Fille, met en scène une précieuse aux exigences bien arrêtées concernant les qualités que doit posséder son futur mari. Au travers de ces exigences, formulées dans la fable, se dessine en creux le portrait de la précieuse superficielle et hautaine qui refuse successivement tous les prétendants que lui propose le destin. Un destin qui est présenté comme un véritable acteur du renversement de situation qui se joue dans la fable. Un retournement orchestré par le temps, autre acteur déterminant du texte. Car tout l'enjeu de la fable réside dans la transformation de la fille en vieille précieuse, une vieille précieuse qui subit les conséquences de son dédain et finit par se satisfaire d'un malotru. En d'autre terme à quoi bon minauder pendant ses années de jeunesse si c'est pour finalement se contenter et en plus de ça avec satisfaction du premier qui passe (...)
[...] On retrouve ici le motif du miroir s'adressant à la belle, stéréotype du conte de fée. L'injonction du miroir : Prenez vite un mari renoue avec une certaine forme d'humour qui nait du décalage entre l'adresse traditionnelle et celle de exprimée ici. De plus le caractère magique du miroir établie une distance entre réalité et fiction et fait basculer la fable dans le domaine du conte. Enfin les vers 39 à 43 expriment la mauvaise foi de la fille : Le désir peut loger chez une précieuse Ici La fontaine a une nouvelle fois recours à l'ironie. [...]
[...] Conformément aux volontés de la fille au vers 9 Il vint des partis d'importance. Les prétendants ne sont pas assez bien pour la Belle Au vers 10 la fille est pour la première fois appelée par un autre substantif, ici on a une notation physique qui manifeste la présence du fabuliste dans une distance railleuse. La mise en parallèle de la belle et de ses prétendants qu'elle juge trop chétifs de moitié souligne l'écart entre les personnages (décrits non sans humour) et le mépris qu'elle a pour ces hommes. [...]
[...] Cette remarque met en doute les aspirations de la jeune fille qui apparaissent bien être illusoires dans la suite du récit. Le décalage qui va s'opérer entre idéal et réalité crée une contradiction comique. L'idéal du mari parfait résumé par enfin tout v 6 qui clôt l'énumération et qui correspond à l'idéal de l'honnête homme, est totalement battu en brèche par la chute de la fable avec le terme« malotru Le mariage qui réunit tous les espoirs de la fille ici, apparait finalement comme le dernier recours à une situation désespérée. [...]
[...] Les refus dédaigneux de la fille sont plus amplement développés : ils s'étalent sur dix vers. L'effet de chute et de déchéance est plus accentué. Le récit s'étend sur une durée beaucoup plus longue. Cette extension du récit et la diversité des registres apparemment davantage la fille au conte qu'à la fable proprement dite. C'est aussi la preuve que sur un même sujet ; La Fontaine sait se renouveler : la réécriture est ici variation et recréation. Tant il est vrai qu'en littérature, ce qui compte, c'est moins ce qu'on dit que la manière dont on le dit. [...]
[...] Au v19 l'adverbe Après marque l'enchainement logique des situations et souligne la structure chronologique de cette fable où on assiste à la déchéance de la fille en étapes successives. Le second groupe de prétendants fait son entrée. Il semble beaucoup moins séduisant. Les médiocres gens succèdent aux bons partis. Ce deuxième épisode est construit en parallèle avec le premier. L'antiphrase je suis bonne v 21 traduit le mépris persistant de la fille qui s'affirme ici véritablement en précieuse. Le discours indirect libre présente l'évolution de son attitude. Dans sa seconde intervention elle se préoccupe de l'opinion que ces hommes peuvent avoir d'elle, même si elle ne décentre pas. [...]
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