Les cahiers de Douai, Le Châtiment de Tartufe, Rimbaud, poésie, poème, religion, critique, satire
Publié pour la première fois dans Le Reliquaire (Paris, 1891), ce sonnet en alexandrins, irrégulier (ABAB ; CDCD ; BBE ; EFF) prend pour cible la religion catholique, qui a déjà été épinglée dans « Le Forgeron » et « Soleil et chair ». Sa mère, la « mother », a inculqué au jeune Rimbaud de stricts principes religieux. Le bon élève Rimbaud puise dans les classiques, en l'occurrence Molière, pour brosser un portrait satirique du faux dévot, allégorie de l'hypocrisie.
[...] Le tiret, qui correspond souvent à un point-virgule chez Rimbaud rompt la marche habituelle de Tartufe : un événement va se produire. Avec « Oremus », on entend du latin, la langue de l'Église, probablement celle du religieux. Le contre-rejet » « un Méchant » fait intervenir un second personnage, le justicier qui va arracher le masque de Tartufe. S'il est qualifié de méchant par excellence (valeur de la majuscule), c'est parce qu'il est vu du point de vue de l'hypocrite. La coupe irrégulière du vers 6 traduit la violence de l'attaque : la coupe de situe juste après l'adverbe de manière « rudement ». [...]
[...] Le dramaturge le présentait comme entreprenant vis-à-vis d'Elmire. Le personnage de Rimbaud est plutôt un jouisseur solitaire. D'autre part, sa présentation l'apparente aux grands personnages qu'il faut faire tomber après les avoir démystifiés, Louis XVI, Napoléon III, tous les « Césars ». L'ironie jubilatoire du jeune Rimbaud s'accompagne, une fois encore de mots peu poétiques : il disait « merde » dans « Le Forgeron », il fait entendre un « peuh » très adolescent : le rejet de la corruption appelle un idéal, que l'on retrouvera dans d'autres pièces, comme « Ma Bohème ». [...]
[...] Le premier hémistiche du vers 8 reprend littéralement celui du vers 2 met à nouveau en avant le vêtement religieux qui permet à Tartufe de masquer son comportement de pécheur endurci. Le groupe nominal « peau moite » qui termine le vers est à relier à « bavant ». En faisant voir un effet physique, il traduit le manque de contrôle dû au désir amoureux. III - TERCET 1 : LA PÂLEUR DU PÉCHEUR La coupe syllabes), l'exclamation et l'aposiopèse mettent en valeur le mot « châtiment qui renvoie au titre mais aussi à Hugo (Les Châtiments ont été publiés en 1853). Il y a de la joie à voir se terminer l'imposture du personnage. [...]
[...] Le complément de temps syllabes) introduit l'événement. L'oxymore « effroyablement doux » dénonce encore l'hypocrisie : la douceur n'est qu'apparente, Tartufe est patelin, mais en son for intérieur, il est dévoré de désir. Mis en relief à la coupe syllabes), l'adjectif qualificatif « jaune » ne correspond pas au personnage de Molière qui respire la santé, dans la tradition de la satire anticléricale « [g]ros et gras, le teint frais, et la bouche vermeille. » Tartufe est malsain. Cette couleur connote la maladie. Certains critiques ont vu dans ce teint d'hépatique un jeu de mots : il est en crise de « foie » et il « bav[e] la foi ». [...]
[...] Avec « se contenta » on retrouve le passé simple (cf. vers 6 et 7) : c'est la dernière action du justicier à être mentionnée. Elle révèle une relative mansuétude. Un rabat est une pièce d'étoffe bordée de blanc qui couvre le cou et le haut de la soutane. Avec l'interjection « peuh » syllabe), le vers 14, pointe du sonnet, fait entendre le mépris du poète devant un spectacle dégradant. On pense au dernier ver de « Vénus anadyomène ». Avec cette dégradation, on peut parler de burlesque. [...]
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