Une des spécificités de l'époque théodosienne se caractérise avant tout par la nouvelle politique religieuse développée à partir de 380. Gratien et Théodose rompirent en effet à la fois avec la tolérance de Valentinien pour le paganisme, et avec l'arianisme de Valens. Théodose se donne la mission d'établir l'unité religieuse dans son empire ; c'est donc aux hérétiques qu'il s'en prend d'abord. L'hérésie se définit comme étant une erreur doctrinale. Pour comprendre la question des mesures relatives aux hérétiques, on dispose d'une série de 6 extraits de nature législative, tiré du Code Théodosien, au livre XVI qui est entièrement consacré à la religion.L'empereur Théodose II (408-450) publia en 438 une codification générale des décrets impériaux promulgués de 312 à 437. Cette collection connue sous ce nom de Code théodosien, représente la source la plus riche pour notre connaissance de la politique sociale, économique et religieuse des empereurs chrétiens au IVe et au Ve siècle.
Dans les extraits proposés ici, on peut en présenter les étapes ainsi qu'une brève synthèse : 1°) Le 3 août 379 Gratien abroge l'édit de tolérance qu'il avait publié après Andrinople. Il interdit aux hérétiques de prêcher, de posséder un clergé, de tenir des Assemblées: CT XVI 5, 5; 2°) Le 28 /02/380, Théodose promulgue l'édit de Thessalonique. Il donne une définition de la religion catholique et préconise l'expulsion des hérétiques de leurs églises. Bien qu'émis au nom du collège des trois empereurs cités par ordre d'ancienneté, le texte émane du seul Théodose et ne concerne que l'Orient. Auxonius n'est connu que par ce texte. La loi concerne tout l'Orient. La loi 2, 25 extraite du même texte que CT XVI 1, 2 condamne tous ceux qui troublent ou offensent la religion. 3°) Le 10/01/381, un édit précise celui de Thessalonique en donnant un résumé du crédo nicéen CT XVI 5, 6; Ce texte est destiné à Eutropius, originaire de Bordeaux, proconsul d'Asie en 371-372 et préfet du prétoire d'Illyricum du 6/ 01/380 au 28/09/ 381. Les lois qui lui sont adressées montrent que l'Illyricum dépendait alors de Théodose. 4°) Le 30/07/381, en ordonnant que toutes les églises sans exception soient remises à des évêques catholiques, Théodose donne la liste des évêques dont la foi fait autorité (Nectaire de Constantinople, Timothée d'Alexandrie, Grégoire de Nysse... Aucun Occidental n'est cité. CT XVI 1, 3. Enfin la loi 5, 15 est un rappel de l'interdiction de réunions des hérétiques.
Dans quelles mesures les lois témoignent-elles d'un acharnement à l'encontre des hérétiques et esquissent-elles la volonté impériale d'officialiser l'unique véritable doctrine catholique ? Comment les empereurs chrétiens s'appliquent-ils à consolider la position de l'Église ?
[...] Il ne reconnaît même pas à leurs ministres la qualité de clercs mais ce sont les donatistes seuls qui semblent ici explicitement visés CT XVI 5,5 quand il dit : "les hérésies interdites à la fois par les lois divines et par les lois impériales" (l.3-4). édit du 10 janvier 381(5,6) précise les critères qui donnent droit au titre de chrétien catholique à la manière de l'édit du 28 février 380, de même que celui qui est émis après le concile de Constantinople, le 30 juillet 381 XVI Tous ces édits donnent droit de cité dans l'Empire au seul christianisme qui s'accorde avec la foi définie au concile de Nicée, dont est rappelé brièvement le contenu. [...]
[...] Pour leur dénier tout droit à garder des églises, lui aussi s'élève aux principes: on ne peut posséder une chose terrestre que par droit divin ou par droit humain. Or de droit divin il n'y a pas de propriété privée. Tout appartient en commun aux justes. De droit humain, les hérétiques sont privés par des constitutions impériales de tout droit de propriété. Ils ne peuvent donc invoquer aucun titre pour justifier leur propriété. A présent, on peut présenter les mesures qui s'appliquent aux personnes même. Des incapacités analogues à celles qui avaient autrefois frappé les célibataires, les veufs ou les divorcés non remariés, sont édictées contre les hérétiques. [...]
[...] De 381 à 384, si on se réfère au CT à Constantinople et dans tout l'Empire, les adeptes doivent remettre leurs églises aux Nicéens: il est précisé: "dans le monde entier" (l.33), " . soient rendues à tous les évêques orthodoxes sans exception" . ( l. 33- 34). Toute réunion religieuse, de caractère public ou privé leur est interdite; est employé l'adjectif "illicites" (l.29) qui rappelle le terme de conciliabules caractérisant leurs assemblées. En général l'empereur n'interdit pas la pratique individuelle d'une doctrine mais les discussions sur la religion et les réunions des fidèles, les lieux de réunion étant confisqués ( et 5,6). [...]
[...] Pour y répondre, on s'attachera dans un premier temps à définir l'orthodoxie nicéenne et les préceptes de la foi, puis à évoquer une Condamnation des valeurs morales des hérétiques non conformes à la foi de Nicée, enfin on étudiera la mise en œuvre de la répression. La définition de l'orthodoxie nicéenne et les préceptes de la foi Une définition du dogme trinitaire On peut commencer par des considérations générales à propos du christianisme. Le christianisme est un monothéisme. Il affirme le caractère unique de la divinité " . [...]
[...] Toutes concernent les individus mais les premières s'attaquent plutôt à la secte, les secondes aux personnes. Constatant que les sentences prononcées par les synodes demeuraient lettre morte, faute d'une autorité qui obligeait les accusés à comparaître et qui fit exécuter les jugements , le concile réclamait l'intervention du bras séculier, en particulier pour expulser de leurs diocèses les évêques condamnés. En intervenant l'empereur n'est pas mandataire de l'Église. Il agit pour elle, mais en vertu de ses prérogatives propres: "notre décision inspirée par la volonté divine" (l.16- 17; 1,2). [...]
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