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Marivaux - Les Fausses Confidences : commentaire des scènes 13 et 14 de l'acte I

A travers l'étude des scènes 13 et 14 de l'Acte I de la pièce Les Fausses confidences, comédie construite en trois actes née en 1737, Marivaux va utiliser tout un jeu d'inversion et de tromperies, de leurres, de mensonges, qui seront l'essence même de l'intrigue de son histoire.

Marivaux - Les Fausses Confidences

Crédit Photo : © Clémentine Guérou

Auteur du siècle des Lumières, Marivaux est l’un des représentants les plus connus de ce dernier, notamment grâce à ses nombreuses comédies théâtrales, qui ont toutes pour objectif de mettre en scène et de critiquer la réalité sociale et l’ordre social qui y règnent à cette époque. En effet, à cette époque, les liens de sang ont le pouvoir sur le mérite et le travail, ce que tente de dénoncer le dramaturge.

Par ailleurs, l’analyse de ces textes met en valeur l’art de Marivaux de jouer avec la langue française, à travers un jeu parfois burlesque, comique, mais aussi de faux-semblants et de vérité. La pièce relate l’histoire d’un jeune bourgeois nommé Dorante, épris d’Araminte, une bourgeoise issue d’une famille baignant dans la finance : alors que le milieu social des deux jeunes gens paraît rendre leur amour impossible, l’intervention du valet Dubois permettra aux deux tourtereaux de vivre leur amour au grand jour. La scène 13 de l’acte I met donc en scène Araminte et le valet Dubois, lequel va proposer à sa maîtresse de l’aider à se libérer de la tutelle de son père grâce à un mari qui la protégerait de ce dernier. Par la suite, dans la scène 14, Dubois et Dorante se rencontrent, et même si ce dernier se montre tout d’abord méfiant vis-à-vis des attentions du valet, il finit par lui faire confiance et lui confie tout son amour pour Araminte.
Ainsi, à travers l’analyse de ces deux scènes de l’acte I, il est possible de se demander comment le valet Dubois parvient à servir les intérêts de Dorante grâce à de fausses confidences faites à Araminte ?
Dans un premier temps, nous verrons que le côté manipulateur de Dubois et sa facilité de communication servira les intérêts de Dorante. Ensuite, dans une seconde partie, nous verrons comment les sentiments et les relations sont d’une importante complexité entre l’ensemble des personnages, ce qui jouera cependant en faveur des intérêts de Dorante.

I. Communication et manipulation : les atouts de Dubois

A. Un discours persuasif en direction d’Araminte et de Dorante

A la lecture de la scène 13, il est rapidement possible de repérer plusieurs éléments clés dans le texte. En effet, le lecteur peut se rendre rapidement compte que Dubois est prêt à tout pour atteindre son objectif qui est d’amener Dorante a avouer ses sentiments pour Araminte. A travers cette obstination apparaît tout au long de la scène un côté manipulateur certain : le valet va mettre en avant toutes ses connaissances sur la psychologie humaine pour persuader sa maîtresse que son plan est parfait et réfléchit, et qu’elle peut lui faire aveuglement confiance.
De même, au début de la scène 14, Dorante va se montrer très méfiant vis-à-vis du valet, n’étant pas sûr de ses réelles intentions. En raison de cette méfiance, Dorante va d’abord se définir comme étant un ami de Monsieur Rémy, le tuteur d’Araminte, ce qui démontre l’importance des apparences et des mensonges dans cette pièce. Le côté manipulateur de Dubois est visible tout au long de son jeu : en effet, celui-ci fait semblant d’être surpris (utilisation de la didascalie « cet air étonné ») lorsqu’il voit Dorante pour la première fois, alors qu’il avait anticipé cette rencontre.

B. Une communication maîtrisée grâce au caractère indépendant et intelligent du valet

Par ailleurs, l’annonce de Dubois de son désir de démissionner est une ruse, dissimulé sous un jeu de langage habile, comme le témoigne l’élégance et le côté plaisant de certains de ses propos (« ce n’est rien », « avoir l’honneur de servir Madame »).
Alors que Dubois est d’un rang social inférieur aux deux autres personnages, son habilité langagière lui permet rapidement d’avoir le dessus sur les deux autres. En effet, c’est lui qui mène la discussion, et qui va maintenir une dimension dramatique sur la scène, grâce à des jeux de phrases passant de l’ambigüité, à l’exclamation puis à l’interrogation en l’espace de très peu de temps : « Si je le connais, madame ! Si je le connais ! ». Le valet ne laisse pas le temps à Araminte de le contredire, et va immédiatement enchaîner avec une preuve que personne ne pourrait nier le fait que Dorante et lui se connaissaient auparavant : « N’avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse ? ».

II. La complexité des sentiments et des relations sociales entre les personnages au service des intérêts de Dubois.

A. Des sentiments dissimulés par convenance sociale

La scène 13 et 14 de l’Acte I des Fausses Confidences démontre l’importance de la lutte entre les apparences et la réalité. En effet, Dubois va proposer à Araminte un mariage de convenance qui masquerait les sentiments réels qu’elle ressent pour Dorante, sentiments qui sont d’ailleurs mis à jour à travers la surprise de la jeune femme lorsque Dubois utilise le stéréotype du petit bourgeois venant s’introduire dans une maison riche pour y venir semer le trouble, notamment par l’intermédiaire des sentiments amoureux développés par Araminte, habitante de cette maison riche. Araminte, en raison de son rang social, est obligé de cacher ses sentiments mais est aussi censée se montrer réservée et vertueuse en raison de sa position de veuve, ce qui l’oblige à devoir dissimuler ses sentiments, de plus que Dorante n’est qu’un modeste employé et de répond pas aux critères d’un mari convenable pour Araminte. Par ailleurs, Dubois utilisera des comparaisons entre la folie et l’amour pour démontrer comment les apparences peuvent être trompeuses et persuader Araminte du bien fondé du mariage avec Dorante. En effet, l’ensemble des confidences faites par le valet va défier toutes les apparences, notamment l’utilisation de la phrase « il m’a paru de bon sens », qui fait penser à de la folie, effet accentué par l’utilisation du champ lexical en lien avec cette idée : « fou », « cervelle brûlée »…

B. Une complexité des relations sociales favorisant le doute et la confiance envers le stratagème de Dubois

Dans les deux scènes étudiées, Marivaux va mettre en scène Araminte, Dubois et Dorante qui vont tous les trois jouer des rôles pour ne pas montrer leur véritable identité ou leurs véritables motivations et intérêts. En effet, Dorante va tout d’abord se présenter comme un ami de Monsieur Rémy, que ce soit dans la scène 13 auprès d’Araminte ou dans la scène 14 auprès de Dubois.
De même, ce jeu d’apparence entre les trois personnages va entraîner tout au long des deux scènes, des malentendus et des conflits, ces derniers arrivant même à toucher les spectateurs eux-mêmes, notamment lorsque Dubois, au début de la scène 14, va faire croire que les liens entre lui et Dorante sont rompus, moment qui amène les spectateurs eux-mêmes à ne plus savoir qui croire. Cependant, l’auteur va chercher, en parallèle, à démontrer l’importance de la sincérité et de la transparence dans les relations sociales, amoureuses ou non. En effet, à travers les deux scènes, il est aussi possible d’entrevoir que les personnages qui sont les plus honnêtes envers eux-mêmes et envers les autres sont ceux qui finissent le plus par réussir à s’épanouir et à trouver une fin heureuse à leur histoire : par exemple, Araminte, malgré certains doutes au départ, grâce à un jeu manipulateur de Dubois, va se rendre compte de la sincérité des sentiment de Dorante, et comprendra que la manipulation de Dubois était en fait portée par un esprit d’honnêteté et de loyauté envers son maître.

Conclusion

Ainsi, les scènes 13 et 14 de l’Acte I des Fausses Confidences de Marivaux va mettre en scène comment la manipulation de l’ancien valet de Dorante, Dubois, va permettre de rendre un amour impossible réalisable, grâce également à l’indépendance et l’intelligence d’Araminte, mais aussi grâce aux tensions des relations sociales et au désir des personnages de s’en libérer. Différents aspects mettent en avant la faculté de Dubois à servir les intérêts de Dorante, notamment ses jeux de langage démontrant une réelle capacité dans sa manière de communiquer à des fins manipulatrices. D’autre part, grâce à cette facilité de parole, Dubois, d’un rang inférieur à Araminte et Dubois prendra le dessus, remettant ainsi en cause toutes les normes sociales et la hiérarchie de sang existant à l’époque de la sortie des Fausses Confidences. Ainsi, à travers l’analyse de ces deux scènes, le lecteur comprend comment les questions d’ordre social ont pu à l’époque empêcher des individus de rang sociaux éloignés de vivre pleinement leur amour. Notons cependant un fort paradoxe dans cette critique sociétale de l’époque : le fait que Marivaux lui-même se sert de la tromperie et du mensonge pour faire jaillir au grand jour des sentiments sincères.

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