Dans quelle mesure peut-on dire que gouverner au temps du Covid implique à la fois de répondre à des demandes d'acteurs variés tout en faisant face à une inhabituelle opposition ?

Thèmes abordés

Sciences politiques, gouvernement, gouverner, Covid-19, crise sanitaire, épidémie, Emmanuel Macron, Angela Merkel, Jérome Salomon, Olivier Veran, lutte collective, mesure gouvernementale, hydroxychloroquine, médecin, économiste, chef d'État, OMS Organisation Mondiale de la Santé, état d'urgence, mesure liberticide, liberté individuelle, abus de pouvoir, manifestation publique, stratégie de communication, ministre de la Santé, vaccination, mouvement complotiste, méfiance de la population, confiance aux institutions

Résumé du document

« Nous sommes en guerre ». Par ces mots, le président français Emmanuel Macron entend user de réthorique afin de fédérer les français dans une lutte collective. La « guerre » permet alors de créer une analogie entre un phénomène, jusque là peu inscrit dans la mémoire collective (une épidémie), et un concept connu. Cette formule répond donc à une nécessité de légitimer les actions du gouvernement (ici, le premier confinement). Si l'on « gouverne » lorsque l'on dirige la conduite de personnes ou que l'on conduit un État, en y exerçant le pouvoir politique on peut alors se poser la question suivante. Dans quelle mesure peut-on dire que gouverner au temps du Covid implique à la fois de répondre à des demandes d'acteurs variés tout en faisant face à une inhabituelle opposition ?

Extraits

[...] Ainsi, selon Barbara Stiegler : « Plus que le complotisme supposé des citoyens, c'est la défiance des élites que cette crise met à nu ». Les individus sont en effet contraints, dans cette situation, de se soumettre aux décisions des experts et spécialistes. La crise cristallise et entraine donc une méfiance et une opposition inhabituelle puisque certains refusent de faire confiance aux institutions et instances spécialisées. Stratégie de communication changeante Gouverner au temps du Covid implique également de parfaire sa communication. [...]

[...] Selon le rapport de Reuters Institute Digital News, en 2020, seuls 29% des Italiens font confiance aux médias (une chute de 11 points par rapport à 2019). Ainsi, au temps de Covid, le gouvernement n'agit pas. Il réagit. Tout d'abord face à une population de plus en plus méfiante, mais aussi face à l'influence d'autres acteurs. Sans surprise donc, gouverner au temps du Covid est un acte périlleux qui, de par les oppositions qu'il admet, peut potentiellement créer un terrain propice à l'avènement des partis d'extrême droite désireux de prendre le pouvoir. [...]

[...] On peut donc dire que la situation sanitaire en elle-même provoque une nécessité pour les gouvernements de réagir en conséquence afin de garantir leur légitimité. Certains vont d'ailleurs jusqu'à mentir pour tenter de conserver une légitimité internationale. En effet, selon l'infectiologue Karine Lacombe, les chiffres de la mortalité en Chine auraient probablement été truqués puisqu'ils défient tous les résultats obtenus lors des simulations scientifiques. Sous la pression de certaines instances De plus, certaines instances exercent une pression sur les gouvernements pour les amener à opter pour des mesures destinées à endiguer l'épidémie. [...]

[...] Dans quelle mesure peut-on dire que gouverner au temps du Covid implique à la fois de répondre à des demandes d'acteurs variés tout en faisant face à une inhabituelle opposition ? « Nous sommes en guerre ». Par ces mots, le président français Emmanuel Macron entend user de rhétorique afin de fédérer les Français dans une lutte collective. La « guerre » permet alors de créer une analogie entre un phénomène, jusque-là peu inscrit dans la mémoire collective (une épidémie), et un concept connu. [...]

[...] De même, lors de la journée de l'Europe, le 9 mai 2020, les 27 chefs d'État exprimaient leur volonté d'affronter le Covid dans une logique d'unité : "Notre objectif c'est que l'Europe émerge plus forte de la pandémie et de la crise du Covid-19", déclarait Angela Merkel. Il était donc implicite que chaque pays doive œuvrer pour le bien-être de l'Europe. Gouverner avec des intérêts en opposition Dans un second temps, gouverner au temps du Covid implique de faire à plusieurs forces d'opposition. [...]