Master de philosophie, religion, politique, Marcel Gauchet, monothéisme, ontologie, modernité, christianisme, État, islam, HLP Humanités Littérature Philosophie, Pierre Clastres, anthropologie
Il sera question, dans ce mémoire, du rapport entre religion et politique. Les nombreuses théories sur la façon de concevoir ce couple ont fait couler beaucoup d'encre. Certaines considèrent que la modernité n'a pu subvenir qu'en combattant ardemment la religion et d'autres, comme celle de M. Gauchet, considèrent que la modernité n'a pu subvenir que grâce à la religion et plus particulièrement à la religion chrétienne. Elle est, pour M. Gauchet, la matrice dont sont sortis les principaux bouleversements qui ont produit la révolution moderne. La thèse de M. Gauchet est que le christianisme est la religion de la sortie de la religion. Suite à une première lecture de son oeuvre, une question survient à l'esprit. Si la religion chrétienne est la religion qui a rendu possible notre modernité, est-ce que cela signifie que les autres religions ne pouvaient conduire qu'à une non-modernité ?
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Pour apporter des pistes de réflexion à ce rapport de disjonction entre l'Islam et la modernité, nous nous servirons de l'oeuvre de M. Gauchet, qui a lui développé la question du rapport entre religion et modernité, mais principalement pour le cas du christianisme. Je dis bien principalement, car M. Gauchet mentionne tout de même à certaines reprises d'autres religions, comme la religion juive et la religion musulmane. M. Gauchet, auteur connu pour avoir repensé le rapport du religieux et du politique d'une façon originale, semble s'être peu intéressé à ce rapport dans les sociétés musulmanes, en témoigne le petit nombre de passages dans son oeuvre y faisant référence.
[...] Cette théorie est développée dans son maître ouvrage qui s'intitule La société contre l'État mais c'est par un article précédent, La philosophie de la chefferie indienne, qui dévoilait déjà ses propos, que M. Gauchet a découvert la pensée de Clastres. Clastres en tant qu'ethnologue a étudié les sociétés amérindiennes qu'il considère comme primitives. Une société primitive est une société sans État et donc indivisée où règne l'égalité entre les hommes. Dans une première partie sera exposé l'apport de Clastres à M. [...]
[...] Par ce rôle transformateur de l'État, ce qui était totalement intégré dans le religieux, le politique et le social vont progressivement s'en libérer. Mais cette remise en question ne se fait pas « tant dans la tête des acteurs qu'au sein du dispositif social lui-même et de sa dynamique »129. Car même si fondamentalement, on reste contre l'histoire, « quoi qu'il en soit des attitudes et des croyances des agents, quoi qu'ils pensent faire et veuillent, ils sont désormais voués en pratique, [ . [...]
[...] »192 L'histoire du peuple juif nous permet de comprendre comment l'idée d'un Dieu transcendant et unique a pu germer dans l'esprit des hommes. On retrouve dans cette pensée une combinaison des deux idées principales qui démontrent selon M. Gauchet que les différentes pensées qui surgissent lors de la période axiale tourne autour d'un processus unique. En effet, la subjectivation du divin ainsi que la scission d'un ici-bas et d'un au-delà sont présents. Le judaïsme a enclenché un mouvement de réinvention du divin, un approfondissement de l'idée de Dieu qui ont permis la naissance du monothéisme. [...]
[...] Gauchet, par analyser ce qu'il considère être le rapport moderne entre religion et politique. Ce rapport doit être un rapport d'exclusion car tant que la religion structure l'humanité, la société ne peut se réapproprier son lien social, assumer sa condition politique. Après avoir rappelé que c'est le christianisme qui permet cette sortie de la religion, on tente de voir ce qu'il en est pour le cas de l'Islam. Afin de savoir si un rapport moderne est concevable entre la religion et le politique, nous reprenons un à un les trois éléments que M. [...]
[...] En conclusion, on peut dire que l'emprunt par M. Gauchet de la théorie de Clastres a été important, il dit lui-même ce qu'il en a retiré. « Il m'a semblé introduire une pensée entièrement nouvelle du pouvoir : ce qu'il est, pouvoir il y en a toujours dans les sociétés humaines et la diversité des manières de gérer cette universalité. »75 Mais M. Gauchet n'a pas simplement repris certaines idées à Clastres, il les a aussi complétées comme on a pu en voir l'exemple avec l'introduction du problème religieux. [...]
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