L'état en France, de 1789 à nos jours de Pierre Rosanvallon - publié le 16/05/2003

Résumé du document

Dans l'introduction, Pierre Rosanvallon présente les raisons qui lui ont fait écrire cet essai sur l'Etat. Il n'avait pas pour but de produire un livre supplémentaire polémiquant sur la place trop importante, ou à l'inverse trop faible, de l'Etat dans la société ; mais au contraire de fournir un matériau de travail à partir duquel on peut commencer une réflexion. En effet il remarque que s'il existe des monographies sur tel ou tel aspect de l'Etat, il n'y a en revanche aucun ouvrage de synthèse sur son histoire, sa mise en place ou sa réalité : il est ridicule de vouloir débattre sur le poids de l'Etat dans l'économie et la société si l'on ne possède pas d'abord les moyens de l'évaluer. Pour cela il va falloir pouvoir regarder l'Etat à la fois comme un tout, mais aussi dans ses particularités et surtout hiérarchiser et articuler ses différentes parties. Pour cela, il se propose d'étudier ce qu'il estime être les quatre figures de l'Etat : “le Léviathan démocratique”, “l'instituteur du social”, “la providence” et “le régulateur de l'économie”

Extraits

[...] L'Etat va aussi avoir pour rôle de prévenir le mal Social, de protéger la population des risques d'infection en se faisant le promoteur de l'hygiène publique et privée. Les découvertes de Pasteur sur la vaccination vont encore augmenter ce rôle de médecin visant à protéger la santé publique. La prise en charge des problèmes sanitaires et sociaux s'institutionnalise finalement avec la création d'un ministère de la Santé en 1920 et le plan Debré après la deuxième guerre mondiale. Ce rôle d'hygiéniste est d'ailleurs le précurseur de la mise en place progressive de l'Etat providence. [...]

[...] Enfin le dernier intérêt de ce livre, et non le moindre, est d'essayer d'avoir l'approche la plus objective possible, sans prendre en compte les simples visions partisanes. P.Rosanvallon essaie des se limiter le plus souvent à des constatations neutres, ne se définissant pas par rapport à un système de valeurs prédéfini. Cette neutralité n'est pourtant pas absolument parfaite et l'on peut voir dans le vocabulaire qu'il utilise ce qu'il peut penser de l'Etat actuellement et la manière dont il devrait évoluer. [...]

[...] Si le retour à la paix voit la préservation de certaines des actions de l'Etat, il est principalement marqué par une volonté de désengagement et de retour aux pratiques de l'avant-guerre. Mais cette évolution n'est pas aussi simple dans la mesure où il se sent tout de même redevable à l'ensemble des combattants et estime qu'ils ont une créance sur lui, ce qui développe fortement l'action sociale de l'Etat. On assiste dans le même temps à une volonté de rationaliser l'Etat dont l'action durant la guerre avait paru assez inefficace. [...]

[...] Mais cette loi de 1946 n'était cependant pas complète et ce n'est que progressivement que le chômage va être pris en compte et que des assurances vont être prévues. Alors qu'à l'origine le système était fondé sur l'obligation et semblait par conséquent assez indépendant de l'Etat, la progression de ces obligations et l'indifférenciation entre assurance et assistance sont à l'origine de la vision de plus en plus prégnante de l'Etat-providence. Cette notion est d'ailleurs remise en cause dans le même temps, non seulement à cause de son poids croissant dû à la crise, mais aussi en raison de l'éternel débat entre assistance et liberté d'initiative individuelle qui sous-tend toute réflexion sur l'aide sociale. [...]

[...] Ainsi dès les années 1790, on assiste à la mise en place d'un certain nombre de moyens pour venir en aide aux plus démunis, notamment avec la création de bureaux de bienfaisance en fin 1796. Il faut cependant noter que, malgré cette volonté proclamée de changement, le système mis en place est davantage la conséquence d'un certain pragmatisme et qu'il n'y a pas de réelle évolution par rapport au 18ème siècle. Mais cette permanence ne veut pourtant pas dire qu'il n'y a eu aucun projet ; il semblerait au contraire que ce soit le constant débat entre deux conceptions différentes du rôle de l'Etat qui en soit à l'origine. [...]