Le vice consul - Marguerite Duras (1966) - La féminité dans l'imaginaire masculin

Thèmes abordés

Vice consul, Marguerite Duras, féminité, mendiante, marche, personnage, voyage, silence, Anne Marie Stretter, mythe d'origine de la femme, représentation, récit, Peter, Michael

Résumé du document

Ce passage se situe vers la fin du roman, lors d'une soirée où Peter Morgan discute de son livre avec ses compagnons de voyage alors qu'ils sont arrivés à l'hôtel. Le récit que Peter raconte tout au long du roman semble s'être déjà achevé au moment où il affirme que l'histoire de la mendiante s'arrête lorsqu'elle arrive à Calcutta. Ainsi, il s'agit ici non pas de l'élaboration d'une suite pour l'histoire, mais d'une discussion ouverte sur le livre, dans laquelle les autres personnages vont donner leur propre avis sur l'histoire de la mendiante et sur la manière dont elle devrait être racontée. C'est aussi l'un des passages du roman dans lesquels on observe que Peter Morgan s'inspire parfois d'éléments et anecdotes du réel pour façonner le livre qu'il écrit. Lors de cette discussion en particulier, son ouvrage semble presque prendre la forme d'une oeuvre collective, partagé entre les hommes.

Extraits

[...] Incapable d'entendre ou bien de répondre, elle est empêchée à la fois de révéler aux hommes son point de vue sur les femmes, mais aussi empêchée de prendre connaissance du point de vue masculin qui est porté sur son propre sexe.Le sommeil est très présent pour décrire la mendiante dans le récit. Il peut représenter une fuite face à la réalité douloureuse de son périple, mais aussi l'oubli, l'absence de sentiments et de douleur. Ici, Anne-Marie somnole pendant toute la discussion. À la fin du dialogue, Peter révèle qu'Anne-Marie fera partie de son livre. [...]

[...] Le vice-consul - Marguerite Duras (1966) - La féminité dans l'imaginaire masculinCe passage se situe vers la fin du roman, lors d'une soirée où Peter Morgan discute de son livre avec ses compagnons de voyage alors qu'ils sont arrivés à l'Hôtel. Le récit que Peter raconte tout au long du roman semble s'être déjà achevé au moment où il affirme que l'histoire de la mendiante s'arrête lorsqu'elle arrive à Calcutta. Ainsi, il s'agit ici non pas de l'élaboration d'une suite pour l'histoire, mais d'une discussion ouverte sur le livre, dans laquelle les autres personnages vont donner leur propre avis sur l'histoire de la mendiante et sur la manière dont elle devrait être racontée. [...]

[...] On peut imaginer que la fatigue est un élément qui influence le débat et permet aux personnages de partager des idées plus abstraites et proches de l'inconscient, cela expliquerait l'abondance de métaphores et de symboles utilisés dans le dialogue qui suit.La marche de la mendianteLe fait que Peter commence cette discussion par « Elle marcherait » rappelle sans aucun doute la première ligne du Vice-consul : « Elle marche, écrit Peter Morgan. » Comme dans une boucle temporelle, le lecteur est renvoyé au début du roman. [...]

[...] Cela permet d'associer l'écriture au chemin tracé par la mendiante qui écrit ainsi son histoire, mais aussi de mettre en valeur la capacité de l'auteur à faire de la phrase un élément hors du temps, qui suit la réalité du personnage. Ainsi, un récit au présent n'est pas figé, il retranscrit à chaque instant un présent différent selon la place occupée par l'évènement décrit dans le continuum du récit.Le voyage de la mendiante est décrit ici par Peter de manière très singulière, avec beaucoup de précisions géographiques et visuelles qui permettent aux lecteurs de se la représenter comme une ligne sur une carte. [...]

[...] Ce débat se fait entre hommes et traduit la manière dont les personnages masculins du vice-consul se représentent la féminité à travers les femmes qu'ils observent dans leur voyage et dans leur entourage (la mendiante est associée à la fois à la figure maternelle, aux mendiantes, aux jeunes femmes, à Anne-Marie Cette discussion semble avoir une influence sur la manière dont Peter lui-même envisage de finaliser d'écrire son livre. En effet, après ce passage, il mentionne pour la première fois la volonté d'introduire dans son ouvre une deuxième femme ; Anne-Marie Stretter. [...]