Les lettres Persanes est un recueil de lettres publié en 1721, rédigé par Montesquieu, qui dans sa préface, ne se présente que comme l'adaptateur français, « le traducteur » de lettres tombées entre ses mains. L'anonymat conféré à l'uvre n'a pas seulement pour but de protéger l'auteur, vu comme un magistrat grave aux raisonnements rigoureux, mais intensifie la portée de l'uvre et sa crédibilité tout en permettant une lucidité qui aurait pu être choquante pour le public de l'époque. Le lecteur est confronté à une « pluralité de consciences » selon Starobinski, une diversité de voix, grâce à laquelle chacune trouve sa relativité dans la limite que lui impose l'autre. Et ces voix appartiennent toutes à des étrangers persans, qui vivent dans un monde tout à fait différent de celui occidental, ce qui autorise alors un regard neuf, une lumière vierge sur la société, les murs, l'organisation du pouvoir, les institutions politiques occidentales. Usbek et Rica principaux personnages, se complètent de par leur différence : Usbek est en effet en quête du savoir, il médite et interroge, émet des hypothèses, recherche la vérité dans une gravité qui contraste fort avec la vivacité légère de Rica, prêt à rire de tout, et également, à s'adapter plus facilement à la société française, lui qui n'a pas d'attaches particulières au monde musulman. Adressée à Ibben, ami commun à Usbek et Rica, négociant à Smyrne, curieux de connaître les murs françaises, la lettre XXIV décline particulièrement bien le caractère enthousiaste du personnage de Rica, apte à s'étonner de tout, et donc à mettre en exergue, malgré lui, les incohérences de la vie française. Également, encadrée de deux lettres d'Usbek au même destinataire qui contrastent avec le discours de Rica, le lecteur peut saisir dès le début de l'uvre les deux pensées conductrices de l'exploration de l'Occident : lettre XXV, Usbek parle de Rica en ses termes : « La vivacité de son esprit fait qu'il saisit tout avec promptitude : pour moi je pense plus lentement, je ne suis en état de te rien dire. » Ainsi, dans la lettre XXIV, est donnée une approche enthousiaste et naïve à la fois, du pouvoir en France. Mais comment ce pouvoir peut-il cependant faire l'objet d'une critique sous-jacente ? Cette ambiguïté travaillée du sens provient de la multiplicité des points de vue à l'intérieur de la lettre même, savamment orchestrée par Montesquieu. En premier lieu en effet, le lecteur est frappé par l'innocence du regard crédule de Rica qui décrit et conte les histoires du roi et du pape, principaux pouvoirs en France, sans l'ombre d'une distance critique, et avec une agilité d'écriture qui accroche l'attention. Après ces premières impressions, on se rend compte cependant du contenu tout à fait polémique de cette présentation des deux pouvoirs, critiqués presque comme dans un pamphlet satirique, s'il n'y avait le personnage irrépréhensible de Rica comme intermédiaire. Enfin, se profile la voix sous-jacente du penseur averti Montesquieu, responsable d'un discours construit et révélateur. L'intention ironique est alors indéniable.
[...] Usbek et Rica principaux personnages, se complètent de par leur différence : Usbek est en effet en quête du savoir, il médite et interroge, émet des hypothèses, recherche la vérité dans une gravité qui contraste fort avec la vivacité légère de Rica, prêt à rire de tout, et également, à s'adapter plus facilement à la société française, lui qui n'a pas d'attaches particulières au monde musulman. Adressée à Ibben, ami commun à Usbek et Rica, négociant à Smyrne, curieux de connaître les mœurs françaises, la lettre XXIV décline particulièrement bien le caractère enthousiaste du personnage de Rica, apte à s'étonner de tout, et donc à mettre en exergue, malgré lui, les incohérences de la vie française. [...]
[...] A l'intérieur du paragraphe même, une certaine symétrie entretient ce martèlement des faits : S'il n'a qu'un et qu'il en ait besoin il n'a qu'à S'il a une guerre difficile à et qu'il n'ait point il n'a qu'à cela donne également l'impression d'accumulation, le roi ne cesse de jouer avec l'économie du pays. Bien que le regard de Rica soit innocent, le regard du lecteur est pris avec celui de Montesquieu car les faits parlent d'eux-mêmes. On remarquera aussi l'une des particularités du discours de ne pas nommer les personnes par leurs noms réels, mais de désigner ces personnes par leur fonction. En effet, Montesquieu fait en sorte, pendant tout le roman par lettres, de ne donner aucun nom français contemporain de l'œuvre. [...]
[...] C'est qu'il y a bien une conscience d'auteur sous-jacente, et que l'on peut entrevoir sa fonction à chaque lettre, qui est celle d'unifier l'œuvre et de faire triompher la vérité en maintenant le contact entre les points de vue. C'est là que l'enjoué Rica rejoint Usbek dans un désir de recherche du vrai : par la voix qui sous-tend toutes les autres, toujours la même, celle de Montesquieu. [...]
[...] Dès lors, on comprend Montesquieu : le personnage, par son étrangéité, peut se distancier des absurdités françaises et conserver un regard vierge. Mais, lorsque ces absurdités rejoignent les siennes, (par le biais du Coran, également interdit aux femmes par exemple), Rica ne s'en distancie pas et même, y adhère. L'homme est de fait toujours capable de distance vis-à-vis de l'inconnu, mais il se détache difficilement des préjugés inculqués très tôt : l'étranger persan n'est ici pas supérieur de raison, mais seulement de point de vue. [...]
[...] Cette ambiguïté travaillée du sens provient de la multiplicité des points de vue à l'intérieur de la lettre même, savamment orchestrée par Montesquieu. En premier lieu en effet, le lecteur est frappé par l'innocence du regard crédule de Rica qui décrit et conte les histoires du roi et du pape, principaux pouvoirs en France, sans l'ombre d'une distance critique, et avec une agilité d'écriture qui accroche l'attention. Après ces premières impressions, on se rend compte cependant du contenu tout à fait polémique de cette présentation des deux pouvoirs, critiqués presque comme dans un pamphlet satirique, s'il n'y avait le personnage irrépréhensible de Rica comme intermédiaire. [...]
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