Vivre librement, est-ce vivre sans contraintes ?

Résumé du document

Dans quelle mesure la liberté se définit par l'absence de toute contrainte. Dans cette perspective, nous verrons dans un premier temps que vivre sans tenir compte des contraintes permet à première vue d'être libres, avant de voir que ce que nous prenons pour des contraintes constitue en fait les conditions de notre liberté.

Extraits

[...] Vivre sans tenir compte des contraintes permet à première vue d'être libre A. Nous vivons entourés de contraintes Dans nos démocraties modernes, nous bénéficions généralement d'un certain nombre de libertés : liberté d'aller et venir, liberté de travailler et de se syndiquer, d'exprimer démocratiquement son opposition, liberté de vote, liberté d'avoir un culte ou de ne pas croire, etc. Nous ne sommes pas seulement libres dans le sens où nous ne sommes pas en état d'esclavage, nous bénéficions de droits qui nous permettent d'exprimer notre volonté dans différents champs de notre vie : champ politique, sphère privée, etc. [...]

[...] Autrement dit, vivre sans contraintes, est-ce vivre librement ? En effet, nous mesurons généralement notre liberté à notre capacité à agir ou faire sans être contredit ou empêché. Il convient donc de se demander dans quelle mesure la liberté se définit par l'absence de toute contrainte. Dans cette perspective, nous verrons dans un premier temps que vivre sans tenir compte des contraintes permet à première vue d'être libres, avant de voir que ce que nous prenons pour des contraintes constitue en fait les conditions de notre liberté. [...]

[...] Dès lors, son existence n'est que travail. Il ne dépend de personne et personne ne dépend de lui, et Robinson n'a donc que lui-même sur qui compter. Dans ce contexte, l'idée même de liberté n'a pas de sens : de quoi Robinson est-il libre s'il risque à tout moment de mourir ? En d'autres termes, le concept de liberté n'a de sens que s'il est rapporté à la société qui l'institue. En précisant que "les hommes naissent libres et égaux en droit", la Constitution rappelle implicitement que les notions de liberté et d'égalité n'ont de sens que si elles sont appliquées à un collectif, en l'occurrence la société. [...]

[...] Mais la liberté se définit comme une contrainte surmontée car il n'y a de liberté que sociale A. La société permet la liberté A l'inverse, en supposant que nous vivions seuls, serions-nous pour autant libres ? Sur son île déserte, Robinson Crusoé peut faire ce qu'il veut. Il est affranchit des règles privées (il n'a pas sa famille avec lui), des règles sociales (il n'y a pas de société autour de lui) et des règles légales (aucun Etat n'existe sur cette île). [...]

[...] En ce sens, la liberté est une somme de contraintes surmontées. Conclusion : Ainsi, l'idée que vivre librement impliquerait de vivre sans contraintes est un paradoxe, car la liberté au sens absolu n'a pas de sens. La liberté se définit au contraire relativement aux autres et à la société dont nous faisons partie. C'est la raison pour laquelle le droit distingue une catégorie de droits dits "inaliénables" qui ne peuvent faire l'objet de compromis : tous les autres peuvent être aménagés, et limités si besoin, pour faire en sorte que la société perdure et que tous et toutes puissent être libres les uns à côté des autres. [...]