Vérité, réalité, raison, nature humaine, désir, volonté, Platon, Kant, Protagoras, Nietzsche, Aristote
Platon souligne que la vérité est donc un dire : la réalité peut être la même pour tous, il reste néanmoins la nécessité de l'établir. L'activité humaine est engagée pour rechercher la vérité. En somme, le réel n'est pas « évident », sous nos yeux, mais nous devons l'établir. Le réel est un en soi sur lequel nous n'avons pas de prise. Que ce soit Platon (les idées sont éternelles, immuables) ou Kant (la chose-en-soi), il ne s'agit pas de transformer le réel dans son essence, mais d'établir une relation conforme entre celui-ci et nos critères de jugement, pour définir ce vrai. La vérité est donc l'enjeu d'une recherche de celle-ci.
Ce que nous questionnons, c'est donc cette recherche de la vérité. L'activité humaine n'existe pas en tant que telle, ou plus exactement, elle nécessite une volonté de l'Homme de se porter vers un objet. Elle nécessite donc un moteur (ou des motifs). Quelle est la nature de ces motifs ? Pourquoi l'Homme recherche-t-il la vérité ?
[...] La vérité, présentée comme « une » et « objective », cache en réalité des intérêts de pouvoir, de domination. Il est donc nécessaire de ne plus simplement considérer la vérité comme détachée de tout intérêt, mais au contraire de mettre au jour ces intérêts, puis de les mettre au c?ur de la recherche de la vérité elle-même : c'est lorsque nous déterminons des intérêts collectifs que nous pouvons mettre en ?uvre les moyens d'atteindre cette vérité. Il ne s'agit plus de « trouver » la vérité, de se laisser porter par elle, mais d'en faire un usage guidé par la raison. [...]
[...] Socrate lui-même affirmait que la seule chose qu'il sait, c'est qu'il ne sait rien. Nous pourrions ainsi dire que la connaissance ne répond pas à elle-même, mais à des intérêts cachés. Le désir d'une vérité pure, sans intérêt, est contradictoire Nietzsche critique également la prétention des « scientifiques » de se détacher de leurs convictions. Dans Le Gai Savoir, § 344, l'auteur affirme que la conviction en l'occurrence, l'intérêt) ne peut s'abaisser pour eux qu'au niveau de « l'hypothèse », du « pont de vue provisoire », ou de la « fiction régulatrice ». [...]
[...] L'établissement de la vérité suit donc l'ordre d'un tiers. Ainsi, si pour Protagoras l'homme est la mesure de toute chose, pour Aristote l'ordre de la logique vient confirmer l'adéquation entre le discours et le réel. De même pour Descartes, où la « méthode » qui confirme la vérité. Ainsi le recours à un tiers permet d'éviter que les inclinations individuelles soient le critère de détermination de la vérité. Dans les Règles pour la direction de l'esprit, Règle IV, « Il est pourtant bien préférable de ne jamais chercher la vérité sur aucune chose, plutôt que de le faire sans méthode ». [...]
[...] Peut-il exister une recherche désintéressée de la vérité ? La vérité est le plus couramment définie comme l'adéquation d'un discours à son objet, ou du discours au réel : mais selon quel critère est défini cet accord ? La vérité n'est pas donnée, elle n'est pas déjà présente en l'homme. Cette adéquation entre le discours et son objet s'établit. Pour Protagoras, c'est « l'homme [qui] est la mesure de toute chose », c'est-à-dire que seul l'homme est le critère de distinction du vrai et du faux. [...]
[...] Pourquoi l'homme recherche-t-il la vérité ? Nous essayerons de déterminer les désirs de vérité chez l'homme. Mais ce désir de vérité n'est-il pas lui-même incompatible avec la vérité en tant que telle ? Nous l'avons vu, pour Platon, la vérité est objective pour tous les hommes : or, nous pouvons estimer qu'un désir de vérité est variable, subjectif. Ce désir serait guidé par l'intérêt des acteurs envers la vérité. Par intérêt, nous entendons ce qui importe réellement à un agent déterminé : ce qui lui est avantageux, qu'il le sache ou non. [...]
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