La liberté est-elle une illusion ?

Résumé du document

Aujourd'hui on ne parle que de liberté, pensant que les nouvelles technologies doivent nous donner plus de libertés. Mais, qu'est ce que la liberté ? Le mot liberté se rapporte à bien des situations diverses, et à chaque fois, il prend un sens différent ; il revêt en tous ses sens une forte charge affective. D'où l'ironie impatiente de Valéry à l'égard de ce mot qui « chante » mais « qui a fait tous les métiers». La liberté est un terme plurivoque. Est-ce tourner autour d'un sujet insaisissable ? La notion de liberté est telle que son étude peut paraître paradoxale. On peut donc se demander : Sommes nous libres ? Lorsque nous avons la sensation de faire ce que nous voulons, faisons-nous réellement ce que nous voulons ? L'Homme possède-t-il un pouvoir de choix ? On est donc en mesure de se demander si la liberté est une croyance ou une opinion fausse abusant l'esprit par son caractère séduisant et le plus souvent fondée sur la réalisation d'un désir. En d'autres termes :
La liberté est-elle une illusion ?
Certes, nous avons conscience de la liberté. Toutefois, en considérant le problème du déterminisme, la liberté n'est-elle pas qu'une illusion ? La liberté est donc à conquérir.

Extraits

[...] Mais cette liberté d'indifférence est une liberté provisoire, qui doit permettre d'atteindre à la première évidence, celle du je pense, je suis La suspension du jugement est donc ce qui définit, en un premier sens, la liberté d'indifférence. Mais cette liberté, en un second sens, peut exprimer non plus le doute volontaire, mais l'ignorance. De l'ignorance, je peux décider volontairement d'affirmer quelque chose, sans raison suffisante de le faire. Cette liberté c'est celle de me tromper. Elle est bien le plus bas degré de la liberté La forme accomplie de la liberté est non plus la liberté d'indifférence, mais la liberté éclairée, que ce soit par la lumière de la raison, ou par Dieu. [...]

[...] La liberté s'éprouve plus qu'elle ne se prouve. Descartes en a fait l'expérience dans les deux premières méditations à travers le doute. Par libre volonté, il s'est empêché de croire à ce qu'il savait pourtant être vrai. Mais cette idée que l'expérience de notre liberté suffirait à constituer une preuve que la liberté existe demeure problématique. Je suis conscient des effets mais ne suis-je pas ignorant des causes ? La conscience n'a-t-elle pas tendance à s'illusionner elle-même ? La conscience, ne nous fait pas connaître le vrai de façon certaine car elle est immédiate et subjective. [...]

[...] Les oeuvres grandioses réalisées par notre espèce l'ont été au prix de l'aliénation. On peut envisager qu'en aliénant cette puissance et en s'interdisant, du même coup, liberté et bonheur, l'être humain se soit élevé au-dessus de l'animal. Nous pourrions ainsi créer une nouvelle liberté qui passerait par la réinvention du monde, le bouleversement de l'ordre social grâce aux forces pulsionnelles canalisées. L'Homme évoluerait ainsi vers le Surhomme Enfin, n'oublions pas que nous sommes soumis à des déterminations extérieures et le nier serait naïf. [...]

[...] Il en est de même de la soumission des instincts à la rationalité. La connaissance de son rôle et de son origine nous donne la possibilité de limiter ses dommages sur la liberté, tout en bénéficiant des ses avantages qui, paradoxalement, garantissent cette liberté. Comme le prétendait Nietzsche dans La Généalogie de la morale, nous pouvons imaginer qu'un effort suffisant pourrait changer la direction des forces destructrices refoulées. Freud détruit le mythe de la raison comme lieu de la liberté humaine et nous incite à limiter les effets répressifs du moi et de sa méthode d'analyse. [...]

[...] La technique permettrait à l'homme de se rendre maître de la nature grâce à la connaissance de ses lois. Alain invite à la réflexion sur cette image : un voilier qui louvoie sur la mer. Les vents sont contraires mais le marin avance. Pour cela, il ne modifie ni ne supprime pas les vents, il utilise les lois de la nature de façon audacieuse. Il avance contre le vent grâce au vent. Pour en revenir au sujet, retenons que l'on peut tout à fait concevoir un certain déterminisme tout en conservant l'idée de liberté. [...]