Ingrid Betancourt, otage médiatique - publié le 10/10/2008

Résumé du document

Dissertation relative à la médiatisation de la détention d'Ingrid Betancourt. Rappel des faits et présentation des principaux acteurs impliqués, puis mise en exergue des phénomènes médiatiques en jeu, les raisons de cette médiatisation et les limites de ce phénomène.

Extraits

[...] Certes, ce constat peut paraître cynique, il n'en demeure pas moins que les otages français, s'entend sont devenus médiatiquement acceptables En témoigne, pour prendre l'exemple de Florence Aubenas, les nombreux encarts dans la presse ou à la télévision, présentant sa photo et le nombre de jours de détention, contribuant à une glamourisation du phénomène. La combinaison de l'ensemble de ces facteurs sans qu'il soit réellement possible de les hiérarchiser explique qu'Ingrid Betancourt soit devenue une otage médiatique Cependant, l'exemple Betancourt n'est pas la règle. D'une part, parce que parmi les 2000 otages des FARC, elle est la seule qui soit l'objet d'une telle attention (à l'exception de quelques mots occasionnels sur Clara Rojas, sa directrice de campagne, en captivité également, qui n'a cependant pas été mentionnée dans les évolutions récentes de l'affaire). [...]

[...] Cependant, cette médiatisation souhaitée n'est pas sans entrainer de problèmes. En effet, elle apparaît extrêmement nécessaire pour les FARC. Fondamentalement, en tant que groupe révolutionnaire influencé par le guevarisme, les FARC sont essentiellement composées de membres du monde rural et son terrain d'action privilégié est la jungle. Ce qui, de fait, entraîne un isolement tant géographique que politique. Or, la lutte armée à laquelle elles se livrent contre les forces officielles colombiennes a peu de chances d'aboutir à une victoire des FARC. [...]

[...] En effet, la médiatisation da cas Betancourt impose également au gouvernement français de s'engager dans sa résolution. La médiatisation, en informant l'opinion publique, entraîne des pressions, l'exigence de résultats de la part des autorités françaises. Dès le 6 mai 2007, dans sa déclaration suivant sa victoire à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy affirmait que la France n'abandonnera pas Ingrid Betancourt Chose promise, chose due : depuis le 30 novembre, le président français multiplie les actions et les concertations afin de trouver une solution à cette question. [...]

[...] Cela leur permet, d'une part, de sortir du confinement auquel leur situation géographique les contraint ; d'autre part, de favoriser les pressions internationales sur le gouvernement colombien afin de trouver une issue à ce conflit, la plus rapide possible. Ainsi, dans cette optique, la médiatisation est absolument nécessaire aux FARC. Or, comment obtenir une telle résonance médiatique ? Les otages étrangers restent le meilleur moyen d'y parvenir. En effet, qui, en France, connaissait les FARC avant la prise d'otage d'Ingrid Betancourt? Peu de personnes. [...]

[...] Ingrid Betancourt ne fait pas la une des journaux ni les titres du 20 heures tous les jours. La focalisation que les médias font sur elle relève davantage d'une logique de calendrier : une date-clé (cette année, les cinq ans de son enlèvement ou encore son 2000ème jour passé en captivité), un évènement organisé par son comité de soutien (comme le concert géant organisé en février 2006 au Zénith de Rouen), ou, comme récemment, des faits concernant plus directement sa captivité. [...]