Faut-il rejeter la morale ? - publié le 06/10/2009

Résumé du document

Depuis notre plus tendre enfance, on nous enseigne de respecter la morale : on nous apprend à être sage et soumis, à obéir consciencieusement aux règles et aux interdits, à nous conformer aux principes de la moralité... On est alors en droit de questionner le bien-fondé de ces enseignements. Pourquoi devrions-nous nous soumettre aux dictats de la morale ? Celle-ci est-elle vraiment si indispensable et salutaire ? N'y a-t-il pas un droit voire une nécessité de renier la morale ?

Nous verrons dans un premier temps, que la revendication d'un immoralisme risque fort le fait d'une mauvaise foi individualiste, surtout soucieuse de ses intérêts personnels ; c'est pourquoi, dans un deuxième temps, nous examinerons les nombreuses raisons sur lesquelles peut être fondée la nécessité de la morale. Toutefois, nous interrogerons, en dernière analyse, la vérité anthropologique de la morale : ne serait-elle pas, contre toute attente, un apprentissage de la servitude, auquel il faudrait alors refuser de se subordonner de façon inconditionnelle (...)

Extraits

[...] Autrement dit, qualifier les impératifs moraux de catégoriques revient à considérer la loi morale comme une finalité suprême de l'action. De là le caractère essentiellement nécessaire de la morale : elle est ce à quoi rien ne saurait raisonnablement justifier qu'on s'en dispense. Autant il peut y avoir plusieurs impératifs hypothétiques au service d'une même fin, c'est-à-dire plusieurs moyens d'atteindre nos objectifs, et donc une relative contingence dans la détermination des moyens d'agir, autant, au contraire, les principes de la morale ne doivent entrer en concurrence avec aucun autre motif d'action. [...]

[...] Bien que l'utilitarisme ne reconnaisse pas de fondement transcendantal à la loi morale, il encourage toutefois avec autant de ferveur que les religions et les moralismes, le dévouement personnel et l'amour du prochain, s'appropriant volontiers la règle d'or de Jésus de Nazareth (J. Stuart Mill). Ainsi, désintéressée ou pas, la moralité d'un homme actualise une considération pour le bien de l'humanité, dont aucune société ne saurait se passer. Spirituellement et raisonnablement inacceptable, éthiquement infructueux, socialement impraticable, l'immoralisme apparait dans tous les cas indéfendable. Tout dans notre culture tend à indiquer que non seulement il ne faut pas rejeter la morale, mais bien plus, il faut absolument l'exiger et la respecter. [...]

[...] Pourtant la pensée critique soupçonne cette belle unanimité et ose dénoncer l'autorité pathogène de la morale. Cette audace, même si elle ne débouche pas fatalement sur l'abolition ipso facto de la morale, a le mérite d'éveiller en nous une conscience nouvelle : celle de la menace qu'il y aurait à se soumettre aveuglément aux principes d'une morale établie. Sans rejeter toute espèce de règle, la critique de la morale nous ouvre la perspective d'une nécessité : celle de réinventer subjectivement les principes directeurs de notre action et de notre existence. [...]

[...] Faut-il rejeter la morale ? Introduction : Depuis notre plus tendre enfance, on nous enseigne de respecter la morale : on nous apprend à être sage et soumis, à obéir consciencieusement aux règles et aux interdits, à nous conformer aux principes de la moralité On est alors en droit de questionner le bien- fondé de ces enseignements. Pourquoi devrions-nous nous soumettre aux dictats de la morale ? Celle-ci est-elle vraiment si indispensable et salutaire ? N'y a-t-il pas un droit voire une nécessité de renier la morale ? [...]

[...] Un rejet puéril de la morale Il y a une première sorte de rejet de la morale que l'on pourrait qualifier de puéril ou de capricieux. Par réaction oppositive, on refuse alors de se soumettre à toute règle morale comme on refuse toute espèce de limitation à nos désirs et à notre égoïsme. Celui qui veut pouvoir jouir sans limite, sans tenir compte ni d'autrui, ni du monde, montrera une répugnance à l'application des principes moraux faits d'interdits et de commandements. [...]