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Le scepticisme des philosophes face à l'existence du droit international public

Il existe un réel scepticisme relatif à l'existence du droit international public. Nous allons, ici, nous intéresser aux manifestations de ce scepticisme de la part des philosophes.

Raymond Aron

Raymond Aron revuedesdeuxmondes.fr


Le scepticisme de Raymond Aron

Raymond Aron s'est intéressé aux rapports existants entre les Etats dans deux ouvrages importants : le premier, Paix et guerre entre les Nations ; le second, un article, "Qu'est-ce qu'une théorie des relations internationales ?" Il a d'ailleurs exprimé le fait que ce qui caractérise la spécialité des relations internationales réside dans la légitimité mais aussi la légalité du recours à la force. Il considère donc que la scène internationale n'est pas régie par le droit : il considère que le recours à la force par les Etats est à la fois légitime mais aussi légal. Les rapports qui existent entre les Etats sont alors, pour lui, uniquement des rapports de force. Pour lui, la paix est possible ; cependant, il considère que pour qu'un Etat puisse effectivement vivre en paix, il doit nécessairement préparer la guerre. Cela implique l'idée que le paix ne doit reposer que sur ces mêmes rapports de force : c'est donc l'illustration de la "paix-armée". Il n'y a alors pas de place pour le droit dans les rapports qu'entretiennent les Etats entre eux : c'est à la force de régler la politique, et non au droit.


Les considérations d'Emmanuel Kant

Emmanuel Kant considère qu'il arrivera un jour où la société internationale pourra voir s'ériger un droit. Il croit alors au développement de l'humanité dans son ensemble. C'est ce qui ressort de deux ouvrages : Vers la paix perpétuelle ; Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique. Il considère que le droit international est une possibilité mais qu'il n'est pas encore réalisé. Notons que l'auteur a réalisé ces ouvrages lors d'une période troublée, impactée par de nombreuses guerres. Ce sont celles-ci qui l'ont réellement animé et prédisposé à considérer ainsi. Pour lui, il est nécessaire qu'il y ait une société civile universelle, une société qui est composée d'Etats républicains : c'est l'idée de l'existence d'un réel fédéralisme de ces mêmes Etats qui permettra la constitution d'un droit international. Il faut alors, pour l'auteur, que les Etats soient organisés de telle manière qu'ils prévoient la séparation des pouvoirs, mais aussi le respect des droits de l'homme, ainsi qu'une volonté chez eux de s'associer, de s'unir. Finalement, Kant considère que les armées permanentes doivent disparaitre ; l'ingérence, c'est-à-dire le fait pour un ou plusieurs Etats de s'immiscer par la violence dans un autre Etat, doit disparaitre ; enfin, le droit international doit être érigé sur la base d'un fédéralisme d'Etats libres : ce sont, ici, les conditions de formation du droit international.

On pourrait croire que l'auteur ne montre pas de scepticisme : pourtant, il comprend réellement que pour mener à bien son projet, c'est la guerre qui pourra amener à ce qu'un fédéralisme d'Etats libres soit créé. Néanmoins, il ne prône pas la guerre mais celle-ci poussera nécessairement, du fait des nombreuses souffrances qu'elle cause, exigera ces mêmes Etats à s'associer en une constitution républicaine internationale.

Il considère que la société internationale n'est pas encore suffisamment mature afin de connaitre un droit international. Nous pouvons retenir que la conception actuelle du droit international qui veut que celui-ci ne mène pas à la paix mais bien que la paix participe à la construction d'un droit international est directement héritée de son développement, sceptique, relatif à l'existence du droit international.

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