La politique étrangère des États - publié le 22/06/2023

Thèmes abordés

Politique étrangère, instrument de l'État, arme économique, puissance militaire, diplomates, négociations, environnement international, OIG Organisations intergouvernementales, Amnesty international, régimes présidentiels

Résumé du document

Au même titre qu'une politique économique ou qu'une politique sociale (santé), la politique étrangère peut être vue comme une politique publique : une politique mise en oeuvre par les services de l'État avec des moyens précis dans le but d'atteindre des objectifs bien définis, précise Marie-Christine Kessler. Il s'agit néanmoins d'une politique publique très particulière : son rayon d'action dépasse par définition le territoire national, elle consiste souvent à réagir ou s'adapter aux événements externes sur lesquels les décideurs n'ont aucune prise, enfin sa sphère décisionnelle est souvent plus opaque que d'autres politiques publiques et considérées comme le « domaine réservé » des plus hauts responsables de l'État. Cette politique étrangère ne correspond plus, toutefois, à l'image traditionnelle que l'on peut s'en faire. Le champ des problèmes qu'elle a à traiter s'élargit, et de nouveaux acteurs participent désormais à son élaboration.

Extraits

[...] Tous les États n'ont donc pas la même politique étrangère, car ils n'ont pas les mêmes moyens à leur disposition (les États unis et le Venezuela ne discutent pas à armes égales ; ni Israël avec l'autorité palestinienne ; encore moins la France . Les États font donc la politique étrangère de leurs moyens. Compte tenu de ces variables (intérêts, acteurs, moyens), tous les États n'ont pas la même politique étrangère ; les contenus, les styles, les traditions diffèrent (Charillon). C'est à des agents de l'État bien particuliers qu'il appartient de faire « vivre » cette politique étrangère au quotidien : les diplomates. [...]

[...] II- La remise en cause de la diplomatie classique Deux explications fondent cette remise en cause de la diplomatie classique : la complexité croissante de l'environnement international et la marge de manœuvre réduite de la politique étrangère des États La complexité croissante de l'environnement international La complexité de l'environnement international est marquée par : la multiplication des interlocuteurs, la multiplication des paramètres à gérer et la concurrence des acteurs transnationaux. Une politique étrangère en 1945, avait une cinquantaine d'interlocuteurs potentiels, en la personne des autres États existants. [...]

[...] Charillon). Ce changement de perspective est accéléré par des expériences nouvelles, comme en Europe, l'objectif affiché étant d'aboutir à une politique étrangère de sécurité commune (PESC), ou bien par le rôle croissant des acteurs privés dans une diplomatie de plus en plus multilatérale. [...]

[...] La politique étrangère est à la fois l'expression officielle et la poursuite concrète des intérêts nationaux d'un État donné. Elle consiste donc à exprimer des positions, mais aussi à entreprendre des actions. La politique étrangère peut être réactive (la condamnation d'une invasion), ou proactive (une initiative qui constitue elle-même l'évènement). Dans les deux cas, elle est supposée avoir été décidée rationnellement, dans le sens des intérêts de l'État représenté. Au rang des acteurs institutionnels de la politique étrangère, l'on retrouve le chef de l'exécutif (président de la République dans les régimes présidentiels, mixtes et présidentialistes ; premier ministre dans les régimes parlementaires), souvent perçu comme le véritable maître de la politique étrangère. [...]

[...] Promus par ces nouveaux acteurs, des thèmes s'imposent dans l'agenda politique des politiques étrangères : environnement, droits de l'homme, migrations, aide au développement, liberté religieuse . Cela nécessite une spécialisation et donc une formation adéquate des diplomates, ou bien un recours à des expertises extérieures. C'est surtout la dimension économique et commerciale de l'action internationale qui triomphe. L'aide aux exportateurs, l'acquisition des parts de marché, la gestion de la dette ou bien les règles du commerce international, sont devenues des priorités pour les politiques étrangères. [...]