Rémy Leveau entreprend d'expliquer les raisons de la montée en puissance des islamistes et les raisons qui, en Algérie, ont fait de l'armée le dernier rempart de l'Etat moderne face à ceux-ci. Il décide d'englober dans cette étude la situation au Maroc et en Tunisie où le tableau est beaucoup plus nuancé
[...] L'armée va acquérir une importance et un rôle particulier dans ces Etats, où les dirigeants vont avoir une relation très ambiguë avec celle-ci. Son rôle va notamment prendre de l'importance lorsque, vers la fin des années 70, la lutte contre la contestation islamiste, qui se développe face à une situation politique et sociale qui semble de plus en plus bloquée et incapable d'évoluer et face aux nombreuses faillites de l'Etat, devient une des priorités politiques des dirigeants. II) Maroc : continuité monarchique et société en mouvement : La stabilité apparente des institutions et des symboles politiques entre le Maroc des années 90 et celui des années 60 est frappante. [...]
[...] Face, à la menace islamiste, l'armée apparaît comme le dernier recours de l'Etat. Depuis les années 60 les armées ont été sollicitées à divers moments pour réprimer des mouvements d'insurrection urbaine que la police et les forces anti-émeutes ne pouvaient maîtriser. Les exemples marocain et tunisien montrent que l'engagement de l'armée en dernier recours peut présenter certains dangers. La situation est différente en Algérie où l'armée a exercé depuis l'indépendance le pouvoir en étant institutionnellement associé au pouvoir jusqu'en 1989. [...]
[...] Les partis et les syndicats ont un camp d'action très limité. Leurs revendications sont freinées par la peur des militaires, qui ferait immédiatement cesser le pluralisme contrôlé dont ils bénéficient en cas de prise du pouvoir. De plus la monarchie a efficacement coupé les partis et syndicats des masses populaires, leur imposants l'acceptation du régime en place et des grandes options nationales (ainsi que de l'islam). Le roi s'assure cependant de la fidélité de ces mouvements en les consultants et en encourageant leurs luttes d'influence. [...]
[...] Par ses liens proches avec le Palais le monde rural peut exercer une certaine influence sur l'administration politique et technique. La bourgeoisie rurale domine encore le monde rural, même si elle a peu à peu abandonné son rôle social et laissé la place à l'administration. Elle revendique néanmoins des pouvoirs de gestion que l'administration refuse de céder. Le monde rural se maintien globalement dans un équilibre souple entre le réseau administratif, les élus et les groupes de producteurs. L'Etat jouant un rôle d'arbitre et de soutient. [...]
[...] Mais cela est le fruit de tout un processus. Avant d'en arriver là les militaires y ont été souvent sollicité pour réprimer les émeutes urbaines, s'opposer aux syndicalistes et plus récemment aux islamistes. Etant donné ces sollicitations il est inévitable qu'ils s'interrogent sur les insuffisances du système qui a pu les conduire à faire un travail policier pour lequel ils ne sont pas préparés. Ils ont ensuite le sentiment que les pouvoirs civils leur font accomplir le sale travail pour se débarrasser de l'opprobre de la répression, sans agir afin d'arranger la situation, ce qui met en danger la cohésion de l'institution militaire. [...]
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