« Mon idée la plus intime est de ne pouvoir être celui que je suis. Je ne puis me
reconnaître dans une figure finie. »
Dans quelle mesure ces propos de Paul Valéry peuvent-ils vous permettre de relire les
rapports entre « éclatement de l'identité et forme romanesque » dans Mrs Dalloway et Un, personne et cent mille de Pirandello ? Vous étayerez cette discussion comparative et critique de la citation sur l'analyse d' exemples précis – en travaillant constamment sur les termes de la citation pour construire les arguments de synthèse de votre problématique.
[...] qui était-ce? » La réponse lui vient aussitôt: « Rien. Personne. Un pauvre corps humilié attendant que quelqu'un s'en empare. ( . ) Encore une fois, qui était-ce? Moi? Mais tout aussi bien un autre . N'importe qui. » La première réponse à la question « qui suis-je? » est donc pour Moscarda/Pirandello, « personne ». [...]
[...] » (livre VI, chapitre II, « Dans le vide ») Dans Mrs Dalloway, la folie et la mort sont bien réelles. Il y a la mort à la guerre de l'ami de Septimus, le suicide de ce dernier, mais aussi, en Clarissa, la présence en sommeil mais toujours prête à bondir du « monstre »: « A tous moments, le monstre, cette horreur, pouvait bouger. » L'annonce, tandis que sa soirée bat son plein, de la mort « d'un jeune homme », dont elle ignore qu'elle l'a croisé le matin en allant acheter des fleurs, la plonge dans une longue réflexion. [...]
[...] Et, comme dans un jeu de miroirs, les identités, perçues selon le regard de chacun, se démultiplient: « ils avaient la conviction que dans ce salon nous étions trois, et non neuf. Ou plutôt huit, étant donné que moi - pour moi-même - je ne comptais plus désormais. A savoir: 1° Dida, telle qu'elle était pour elle-même. 2° Dida, telle qu'elle était pour moi. 3° Dida, telle qu'elle était pour Quantorzo. 4° Quantorzo, tel qu'il était pour lui-même. 5° Quantorzo, tel qu'il était pour Dida. [...]
[...] Dans un forme tout à fait différente, Mrs Dalloway est aussi un roman d'introspection. Virginia Woolf y entrelace au discours indirect les sensations et pensées intérieures de ses personnages, Clarissa Dalloway, Peter Walsh, Septimus Warren Smith, Rezia, Doris Kilman, etc. Chacun est ainsi perçu, à travers des commentaires faits à soi-même, comme chez Pirandello, dans le regard des autres. Peter se fait des réflexions sur la Clarissa qu'il retrouve, dix-huit ans après leur brève histoire amoureuse, il la voit amaigrie et pâle, vieillie, il reconnaît les nuances de son caractère; Clarissa en fait de même à son sujet. [...]
[...] Fou . La foule massée devant la porte reprenait en choeur ce même cri: Fou . Fou . Fou . Parce que j'avais voulu démontrer que je pouvais, pour les autres aussi, ne pas être celui qu'on croyait. » (livre IV, chapitre VI, « Le vol ») La mise en doute radicale de l'identité du moi ne peut être causée que par la « folie ». Tolstoï a écrit dans son journal: « Quelqu'un est fou, eux, ou moi. ». [...]
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