Dissertation sur Flaubert et son roman l'Éducation Sentimentale
[...] Mais l'aporie de l'amour n'épuise pas la problématique littéraire mise en scène par L'Éducation sentimentale; nous devons encore approcher le point central du texte, qui est la relation entre amour et histoire. Le chemin que je propose de suivre a été marqué par la réception de Flaubert. Particulièrement dans le sillage de L'Idiot de la famille de Sartre, les critiques ont souvent interprété les textes de Flaubert en termes linguistiques, libidinaux ou socio-fétichistes. À la lumière de telles interprétations, les textes réagissent avec l'empressement de regarder de plus près la notion de fétiche. [...]
[...] Cet aspect commémoratif est cependant paradoxalement mobile et incertain, puisque les énergies de fixation et de congélation du fétiche génèrent déplacements et désintégrations équivalentes. En tant que représentations, les fétiches sont toujours inauthentiques, surtout dans leur représentation de l'Histoire. Flaubert a construit ses scènes historiques en prétraitant mémoires de données, rapports de journaux, et ainsi de suite, afin de souligner en ironie le discours stéréotypé qui se cache, mais se manifeste comme vérité historique. La révolution comme trame narrative ? [...]
[...] Mme Arnoux et Rosanette peuvent être liées et opposées comme l'idéal et le réel, esprit et chair, sacré et profane, et ainsi de suite; avec l'arrivée de Mme Dambreuse l'attrait du profane devient celui d'avaritia aussi bien que de voluptas; ces allégories tirent facilement le lecteur hors de l'histoire de Frederic, et dans leur facilité légère, annoncent comme idées reçues l'herméneutique équivalente des icônes marchandisées d'Arnoux. Tout peut et doit être interprété dans ce monde textuel, mais les significations qui en résultent sont accompagnées d'une aura faible. [...]
[...] Une critique radicale de ce genre a ses usages pratiques. Les textes de Flaubert prédisent et démystifient à la fois le geste réactif d'un lecteur tel que Jean-Paul Sartre, qui, cherchant à amener le « déréalisé » de la langue dans le texte flaubertien aux certitudes de l'expérience, saisit sur un bouc émissaire maternel : Le fétichisme de Flaubert est le résultat et la sommation de ses irréalisations sexuelles, et ceux-ci ne peuvent être compris en dehors de la déréalisation d'origine. [...]
[...] Le sujet qui trouve sa possibilité dans la fétichisation de l'aporie de l'amour est en effet le sujet de l'histoire - ce qui signifie qu'il est en fait possible de penser la force descriptive de l'histoire comme travail, aussi longtemps que l'on précise que l'historicité de la force de travail ne réside pas dans la dialectique du travail. Conclusion Nous pouvons dire en conclusion que l'histoire est « littéraire » dans ce sens qu'elle est toujours potentiellement révolutionnaire. Un certain sentiment de perte s'accroche à de telles idées : la perte que l'allégorie pleure est comme l'histoire qui n'est pas réductible au pathos. Elle porte une plus grande affinité avec « l'altérité imprévisible » que Jacques Derrida affirme comme la « promesse démocratique » du communisme. [...]
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